Nr 2 janvier 2023 Perspectives littéraires-2 - Flipbook - Page 28
Perspectives littéraires – numéro 2, janvier 2023
B. Ecrire dans les marges du texte
De plus, le carnet de lecture, avec les activités qu’il permet, apparaît comme un outil
propice pour fournir la matière des écrits d’appropriation. Les programmes pour les classes
de collège et lycée rendent compte de la souplesse et de la variété des écrits que l’on peut
proposer aux élèves. Le carnet de lecture est ainsi le point de départ d’écrits d’invention ou
d’intervention, lesquels doivent toujours avoir comme préoccupation de contribuer à
l’appropriation de l’œuvre lue.
Ecrire dans les marges du texte devient dès lors un moyen complémentaire pour
s’approprier l’œuvre lue. Cela permet aux élèves de réfléchir aux choix énonciatifs, narratifs
ou argumentatifs, par exemple, à la singularité d’un style ou d’une écriture, aux variations
génériques, enfin, d’être sensibles aux inflexions et aux changements de tons et de registres,
aux effets que les textes cherchent à provoquer chez le lecteur.
Enfin, écrire dans les marges du texte peut aussi permettre aux élèves d’insérer des
éléments complémentaires : d’autres textes littéraires, hypotextes par exemples, en lien avec
le passage lu, des textes critiques, des textes historiques, etc. Ce travail fait prendre
conscience du contexte historique, littéraire et culturel. C’est un espace de liberté qui vise à
susciter le plaisir de la littérature et à encourager les pratiques d’écriture.
Ces écrits trouvent alors leur place dans le carnet de lecture et viennent compléter ou
se substituer aux notes ou aux impressions de lecture ou se confondre avec elles :
– Transposer une nouvelle fantastique en nouvelle réaliste ou l’inverse
– Tenir le journal d’un personnage
– Rédiger une lettre
– Rédiger le monologue intérieur d’un personnage
– Se mettre à la place d’un metteur en scène, d’un critique, d’un spectateur ou
d’un acteur pour évoquer un aspect d’une pièce de théâtre, une scène, un
personnage, un dénouement, etc.
– Rédiger une note d’intention
– Rédiger la suite d’un récit, d’un dialogue, d’un épisode
– Faire réécrire un passage, développer une description, un épisode ou la fin
Toutes ces pratiques sont intéressantes dès lors qu’elles prennent appui sur l’œuvre
et engagent les élèves à exploiter le texte lu, à s’en inspirer, à se positionner également visà-vis de ce qu’ils ont lu. Faire rédiger ou développer une description permet de rendre
sensibles les élèves à l’intérêt de ces passages réputés plus difficiles ou suscitant l’ennui.
Ecrire le monologue du personnage permet de mieux saisir ses dilemmes et ainsi les enjeux
de l’œuvre. Se mettre dans la peau d’un acteur ou d’un metteur en scène rend plus accessible
un texte et en dévoile la richesse interprétative. Transformer la nouvelle fantastique étudiée
en classe de 4ème en nouvelle réaliste, dès lors que le professeur a engagé l’étude d’un recueil
de nouvelles réalistes de Maupassant par exemple, puis d’une de ses nouvelles fantastiques,
permet aux élèves de percevoir les déplacements de l’écriture, ses intentions et ses effets.
Ce travail aboutit à une meilleure appréhension de la nouvelle réaliste et fantastique et amène
à s’interroger sur les possibilités d’un genre comme sur ses enjeux.
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