Nr 2 janvier 2023 Perspectives littéraires-2 - Flipbook - Page 8
Perspectives littéraires – numéro 2, janvier 2023
Pierre, Les Trois Mousquetaires ou Le Comte de Monte-Cristo
de Dumas trouveraient pourtant leur public en Seconde.
Emmanuel Carrère, Maelys de Karengal, Sylvain Tesson vontils et doivent-ils détrôner Zola, Rousseau et Duras ? Force est
de constater la présence de plus en plus prégnante d’œuvres
contemporaines, non pas en plus, mais au détriment de la
littérature classique. Pourtant, affirmer que Salina intéresse
davantage les élèves que Rodogune tient d’un parti-pris qui
demande à être vérifié. Alors que la réputation faite à
certaines œuvres classiques tendait à les faire
progressivement sortir des classes, les nouveaux programmes
invitent ardemment à les y faire rentrer.
Les classiques, des moribonds ressuscités ?
Les programmes mis en place en 2019 auprès des
élèves de Première et les résultats très réconfortants de
l’exploitation des œuvres, tant à l’écrit, dans la dissertation
sur œuvre désormais choisie par près d’un candidat de la voie
générale sur deux, - alors qu’on disait l’exercice au bord du
dépôt de bilan - qu’à l’oral avec des œuvres intégrales amplement plébiscitées pour la seconde partie de
l’oral, montrent que le travail des professeurs porte ses fruits, prouvant à qui en avait besoin que les
œuvres patrimoniales parlent encore aux élèves qui se les approprient. Ainsi, a-t-on pu constater ces
dernières années le plaisir des jeunes générations fières de comprendre les alexandrins brûlants et les
tourments de Phèdre (programme des EAF 2019-2020), heureux d’accéder à des pensées complexes
comme celles de Montaigne (EAF 2019-2021) et étonnés de
l’actualité des questionnements que donnent à lire Stendhal (EAF
2019-2021) ou encore Madame de la Fayette (EAF 2019-2021) ;
bientôt ils se laisseront toucher par la fulgurance de Rimbaud
(EAF 2024-27) qui intrigue et imprime toujours l’esprit des
adolescents. Proposer Laurent Gaudé, Philippe Claudel ou Éric
Emmanuel Schmitt car ils parlent davantage à nos élèves et parce
qu’ils répondent mieux à leurs préoccupations (sic) c’est ignorer
la proximité criante des œuvres de Madame de La Fayette, Laclos,
Lagarce ou La Bruyère, avec nos vies d’aujourd’hui. Les élèves de
Terminale L, qui ont d’ailleurs fréquenté par le passé des
classiques réputés difficiles, ont prouvé qu’ils pouvaient se retrouver dans Bonnefoy (2006-2007), Diderot (2007-2008),
Eluard (2014-2015) ou Perrault (2007-2008). Il ne s’agit pas
pour autant d’une « affaire de goût » mais de la transmission
d’une culture dont nous sommes les dépositaires.
A nous de nous demander si les succès de librairie sont la
littérature que nous voulons transmettre à nos élèves.
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