Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 10
J9aime l9idée que mon programme puisse débuter avec Rabelais et passant par le 20ème s. qui m9est cher,
avec Colette et Lagarce, aller jusqu9à nos jours, avec Dorion.
En outre, découvrir un auteur presque en même temps que mes élèves me plaisait ; j9y voyais l9occasion
d9une fraîcheur inespérée. Certes, il faut quasiment tout construire, partir de zéro mais c9est aussi assez
excitant de travailler avec cette possibilité d9ouvrir la voie (si, au plan universitaire des études existent sur
la poète, en matière d9études scolaires, le terrain était encore à « défricher », comme dirait H. Dorion, il n9y
a qu9un an encore).
Je trouve très important de montrer aux élèves que les écritures accessibles ne sont pas simples (et
l9inverse aussi, que les écritures réputées impénétrables ne sont pas si difficiles). Auparavant, dans le cadre
des nouveaux programmes, j9avais choisi Apollinaire pour la même raison : les poèmes ont l9air simples,
mais dès qu9on y plonge la main, on est aspiré dans un monde qui présente beaucoup plus de cavités et
de reliefs que prévu.
Enfin, l9univers d9Hélène Dorion me touche et ce n9est qu9en lisant Mes forêts, puis ses autres recueils que
j9ai été heureuse de retrouver, à travers elle, nombre de poètes que j9ai toujours beaucoup lus et aimés :
Brault, Gaspar, Jaccottet, Ray, Miron &
Perspectives littéraires : Parlez-nous de vos élèves de Première.
Lydia Blanc : J9ai deux classes au comportement devant les textes littéraires très différents, aux rapports à
l9école différents et aux bases sociologiques différentes aussi. D9un côté, une classe sage, scolaire,
composée pour partie d9élèves internationaux qui lisent Shakespeare ou Novalis dans le texte, habitués à
manipuler des livres et aptes à passer du concret à l9abstrait, du particulier au général. De l9autre côté, une
classe plus hétérogène, (gentiment) turbulente et plus méfiante, avec laquelle le lien est aussi plus affectif
car leurs soubresauts me parlent. Pour étudier de la poésie, la classe idéale serait sans doute une fusion
des deux& En l9état, avec des élèves scolaires et moins scolaires, le travail est intéressant à conduire.
Perspectives littéraires : Comment vos élèves ont-ils accueilli ce recueil ? Comment vous y êtes-vous prise
pour le faire lire ?
Lydia Blanc : Les élèves demandent souvent s9il faut lire le recueil avant d9en commencer l9étude. Questionpiège pour le professeur de français : je ne me vois pas dissuader de lire un livre ni brider la curiosité des
élèves ! Toutefois, comme c9est la séquence liminaire de l9année, je ne leur ai pas donné de travail en
amont ni même de lecture préparatoire à effectuer.
L9idée de travailler sur un auteur vivant les
a vite intrigués.
La mise en Tuvre a été progressive (je
rappelle que c9était ma première séquence
annuelle), trop lente pour certains, mais le
recueil faussement lisse comporte de
nombreux présupposés qu9on ne peut pas
tous ignorer. Je voulais d9abord les
familiariser avec la poète, son style.
Un groupement de textes sur la nature
avec des études de tableaux sur les arbres
a permis de vite montrer la dimension
métaphorique et ses visées diverses -
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