Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 101
Kennedy ») que les références philosophiques
« Giordano Bruno »), le patrimoine artistique
(« Cézanne ») ou littéraire avec la référence à
l9Tuvre de David Thoreau (« les bois de
Walden »), à celle de Gerard Manley Hopkins ou
celle des poètes italiens, Dante bien-sûr mais
aussi Andrea Zanzotto : « dans la forêt de
Dante [&] on traverse le bois de Walden / la
mémoire des saisons de Zanzotto / les
paysages intérieurs / d9Hopkins&»107. Les
forêts de la poète, loin de nous emprisonner
dans un espace fermé, se proposent de nous
raconter une histoire que nous connaissons
déjà : celle de notre (ré-)inscription dans un fil
chronologique collectif. Si les forêts reflètent ce
qui nous est constitutif, ressemblant pour
rassembler, on ne voit pas comment elles ne
pourraient pas nous trouver et nous parler.
Nous sommes régulièrement happés aussi par
les forêts d9H. Dorion à la faveur de fréquentes
interpellations sensorielles qui mobilisent ce
que nous avons de plus instinctif : les titres
déjà, « l9onde du chaos » et « le bruissement du
temps » viennent stimuler nos sens du toucher
et de l9ouïe, en plus de la vue, évidente en
poésie, et à l9Tuvre dans Mes forêts puisque le
leitmotiv structurant 108 (« mes forêts sont& »)
engage (du fait du présent tout à la fois
d9énonciation, de vérité générale et de
description) une visualisation instantanée dans
l9imaginaire du lecteur qui nous rendent
familiers de l9espace qui, au départ, n9était pas
forcément le nôtre. La construction du recueil
pensé comme un accord entre texte/voix ou
mots/musique suscite de surcroît la complicité
entre le monde de la poète et le nôtre. Grâce
aux vidéos que la poète propose pour faire
résonner son recueil et en visualiser le référent
premier, ainsi qu9au moyen de la playlist
proposée en fin de Mes forêts qui nous renvoie
à l9écoute d9une série de compositions
instrumentales volontiers propices à la
méditation et l9introspection,
107
Références extraites du poème « Avant la nuit ».
Des pièces musicales ont
accompagné l9écriture de mon
livre.
Pour les partager, je les ai
regroupées dans une liste de
lecture que vous pouvez
trouver sur Spotify, sous
l9intitulé Hélène Dorion 3 Mes
forêts.
Autant de procédés qui consacrent la
participation du lecteur à l9accomplissement du
livre. Alors, si elles ne nous ressemblent pas, les
forêts d9Hélène Dorion, nous rejoignent tout du
moins, nous prenant la main et requérant notre
collaboration active, prémisses d9une meilleure
compréhension mutuelle. L9effet-miroir ou
même de dialogue, entre le lecteur et le recueil,
est ainsi grandement favorisé. D9une certaine
façon, il revient moins au lecteur de s9enfoncer
dans la forêt des poèmes que de se laisser
gagner par une forêt qui vient à leur rencontre,
108
100
A dix-neuf reprises dans le recueil.