Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 22
Elle poursuit également une collaboration
artistique récurrente avec la violoncelliste Julia
Kent, laquelle se voit à trois reprises associée à
une playlist sur les plateformes de streaming en
ligne :
d9emblée la question musicologique mais aussi
philosophique du temps -la répétition est-elle
l9échec ou la garantie de l9éternité ? 3 ainsi que
du dépaysement par la force de l9imaginaire,
enjeux qui résonnent aussi chez Dorion.
● Celle reflétant leur dialogue (la playlist
s9intitulant alors « Hélène Dorion-Julia
Kent »41 ,
● Celle consacrée au recueil de poèmes
d9Hélène Dorion, Mes forêts42, (Ed.
Bruno Doucey, 2021)
● Celle liée à la sortie du roman d9Hélène
Dorion, Pas même le bruit d9un fleuve
(Ed. Alto, 2022).
La prise en main de sa propre
communication & médiation
Si on connait des poètes avares de
communication (à l9inverse d9un Philippe
Jaccottet peu enclin à se livrer ou d9un Lionel
Ray rarissime dans les médias comme dans les
rencontres littéraires jusqu9au cas d9un Xavier
Bordes qui demeure un des plus discrets de sa
génération), Hélène Dorion aime répondre au
public et participer à l9exégèse de son Tuvre
sans forcément passer par des analyses
pointues ; elle tend plutôt à encourager la
découverte de son Tuvre, partageant des
lectures, répondant aux interviews de bonne
grâce et assume la discussion à propos de ses
Tuvres, s9inscrivant plutôt dans la lignée d9un
Jean-Pierre Siméon ou d9un Jean-Michel
Maulpoix : elle popularise elle-même son Tuvre
et comme ce dernier, elle n9hésite pas à se
charger de la diffusion de ses Tuvres via un
site internet(http://www.helenedorion.com/ ) et
les réseaux sociaux :
Julia Kent, qualifiée de « post-classique »,
passée par la variété indie (jouant pour le
groupe Antony & the Johnsons ou collaborant
avec le groupe électro Library Tapes, par
exemple) est connue pour ses performances de
soliste, dans des endroits parfois atypiques
(elle jouera par exemple à l9automne en 2023
à Parme, la ville-fétiche des instruments à
corde, dans un festival prenant place dans une
aile de cimetière monumental). Elle compose et
exécute des titres aux longues phrases et
boucles mélodiques répétitives, propices à la
méditation et la mélancolie, aidée en cela par le
looping43 de son violoncelle, ce qui pose
● https://www.facebook.com/helene.dorion.1 ,
● https://www.instagram.com/helene.dorion/ ,
● https://www.youtube.com/@helenedorion5078/featured et
● https://twitter.com/helenedorion .
41
https://open.spotify.com/playlist/5LlD8e5o4BFFYcu9CsPY
GK?si=9f08d927b74c4bbc
42
https://open.spotify.com/playlist/4ufewhdzfQ0O4YNlBTD
DSW?si=06d0a8e4e6f74ecb
43
Relié à un pédalier, le looping (bouclage) d’un instrument
à corde -ou d’un cuivre- permet de capter (plug-in)
/enregistrer/reproduire une séquence musicale prise de
l’instrument, en vue de générer un circuit qui fera au besoin
se superposer deux séquences musicales produites par
l’instrument, celle jouée et celle stockée et reproduite en
boucle : idéal pour créer une insertion -sample-, récurrence
-écho- ou même un arrière-plan pour qui veut arranger son
propre auto-accompagnement. La démultiplication des
plages sonores est assumée alors en toute indépendance
par l’instrumentiste. La technique, prisée des musiques
actuelles, remonte aux expérimentations de l’ère postmagnético-analogique (le compositeur John Cage faisant
ainsi figure de précurseur) et on constate qu’elle gagne
désormais d’autres genres tel que le jazz. En poésie, elle
correspond aux copier-coller qu’un texte permet, avec des
phrases ou des formules reproduites, scandées en refrain
ou en inserts obsessionnels. Chez Dorion, la proposition
« Mes forêts sont& », qui reste dans l’oreille de façon à ne
jamais quitter le lecteur de tout le recueil, relève de ce
procédé.
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