Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 34
« B EAUCOUP DE PLANTES QU ’ON VOIT TRES
BIEN , ET ENORMEMENT D’ANIMAUX QU’ON VOIT
PAS. […] TOUS LES GROUPES D’ETRES VIVANTS BACTERIES,
PLANTES,
ANIMAUX,
CHAMPIGNONS…- DOIVENT ETRE PRESENTS
POUR QU’ON AIT UNE FORET. »
Même chose au plan historique : il n9y a sans
doute pas eu d9un côté la forêt sauvage et
immuable des romans de chevalerie au 12
siècle (Brocéliande), et de l9autre la forêt
rentable et civilisée. Très tôt, la forêt a été un
concentrée de plusieurs valeurs et logiques
contradictoires entre elles. Dès les Romains
adorateurs de Diane, la forêt a été rentabilisée :
pourvoyeuse de ressources, elle fournit en
abondance le bois de construction ou de
chauffage et l9homme la fait évoluer. Ainsi les
historiens nous enseignent que déjà à l9époque
gauloise, la forêt française est transformée par
l9extraction du bois, elle est même modifiée par
le déboisement, parfois qualifié d9 « intensif »50.
Plusieurs indices montrent qu9elle n9a sans
doute jamais été l9espace éternel et intact, en
tout cas, pas dans nos terres occidentales
européennes ; le déboisement entrepris à l9âge
néolithique et à son apogée à l9an mil menace
les ressources au point qu9il faut les répertorier
pour les contrôler : la France de Philippe VI de
Valois édite un code forestier, puis Colbert, au
17e siècle, rationnalise la forêt française pour
en tirer le meilleur parti et garantir à tous du
bois de chauffage. Là, la forêt s9affirme comme
enjeu économique pour le pays, mais aussi
politique en ce qu9elle relève du processus
global de centralisation. La forêt comme
conservatoire de faune et flore sauvages, en
tant qu9Eden immaculé, serait donc davantage
un fantasme qu9une réalité.
La forêt, locus amoenus … falsus
Jusqu9à quel point en effet, la forêt est-elle un lieu idyllique ? Les images promotionnelles de
l9office de tourisme de Bretagne51 nous promettent une forêt enchanteresse :
Ce que fait Michel Reddé à propos du site antique d’
« Oedenburg, Une agglomération d'époque romaine sur le
Rhin supérieur : Fouilles françaises, allemandes et suisses à
Biesheim-Kunheim (Haut-Rhin) ». In : Gallia, tome 62,
2005. pp. 215-277 (p.256) :
50
https://www.persee.fr/doc/galia_00164119_2005_num_62_1_3070?q=oedenburg+redd%C3%A9
#galia_0016-4119_2005_num_62_1_T1_0249_0000
51
Office de Tourisme Brocéliande - Paimpont Bretagne
(tourisme-broceliande.bzh)
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