Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 40
DISPOSITION DU
CORPS ;
SIGNIFICATIONS
LIEES
Tu as fait une demeure
ET IL S'INVESTIT DE
A
TOUS
LES
De nos pas, des regards
COMPORTEMENTS POSSIBLES DU SUJET. LE VOIR
RENVOIE A UN POUVOIR.
LE
CHEMIN EST VU
qui portent la nuit
COMME A PARCOURIR, LE VERGER COMME
jusqu9au rassemblement des
mots dans un paysage.
COMESTIBLE, LE CLOCHER COMME AUDIBLE...
Dans le second extrait poétique, Hélène Dorion
concentre les trois éléments qui vont constituer
son panorama sensoriel de prédilection : eau,
air et terre, ou plutôt « fleuve », « vent » et arbre
(« branche »). Non seulement la poésie permet
de se trouver soi, mais elle est aussi l9occasion
de faire l9inventaire de son monde. Non
contente d9explorer l9intériorité, elle replace,
dans un même geste et de façon cohérente, les
éléments
de
l9extériorité.
Plus
que
correspondance, il y a donc concomitance entre
le monde du dedans et le monde du dehors
dans le paysage poétisé de Dorion. Le projet
est bien antérieur à ses collaborations avec M.
Collot, puisque dès 2003, en ouverture de Sans
bord sans bout du monde, elle écrit :
Un poème grandit à
l9intérieur.63
Est-elle consciente de la part d9utopie qu9il y a
dans ce projet d9une véritable symphonie de la
vie ? - Probablement, si l9on en croit la fin du
recueil qui semble un acte de foi :
Chercher. Retrouver. La terre
Dessine un carré de lumière
Où nous pouvons poser nos
mains
Appuyer notre visage.
Chercher, retrouver
l9éternité de nos vies.
Les années 2002-2003 constituent un
tournant dans le rapport d9Hélène Dorion au
paysage, aux arbres et aux forêts. Dans son
essai Sous l9arche du temps (Ed. la Différence,
2002), la poète fait figurer, en avant-dernier
chapitre, le texte intitulé « Fragments de
paysages ». On peut y lire, pp. 75-76 :
« Ma fenêtre donne sur une
fenêtre bordée de collines, sur
de hauts arbres qui mesurent
le temps et que surplombe un
ciel immense et proche.
[&]
Les
saisons
tournent,
métamorphosent le paysage :
du vert intense des feuillages
touffus de l9été au radical
63
Ed. de la différence (2003) : p. 7.
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