Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 50
qu9on ne pourrait penser : moins un marqueur de modernité qu9au contraire, une preuve de la
transhistoricité des expressions conjointes, partagées et chorales, ainsi que de la constance des
relations entre artistes.
Dorion partage ainsi avec Apollinaire, Cendras ou Char et tant d9autres la même vision d9arts
poreux entre eux et considère les peintres, photographes et musiciens comme des « alliés
substantiels » selon la célèbre formule du poète vauclusien, autre façon de dire que la poésie
n9est qu9une incarnation parmi d9autres du vivant animé et qu9en aucun cas elle n9est autarcique,
ni même autonome, encore moins suprême.
Les principes de ramification et de partage consacrent une méthode de travail mais surtout une
identité fondamentale, de même que Glissant a théorisé l9homme-monde ou que Chamoiseau
parle de créolité, on comprend que Dorion formalise de plus en plus une écriture pensée comme
collectivement intime puisqu9il s9agit au travers des diverses collaborations, de parler d9une même
vie humaine comme elle le suggère dans l9interview donnée à Raphaelle Leyris pour le quotidien
national Le Monde et publiée le 16 avril 202380 .
« J9AI COMPRIS QUE, SI JE M9ENGAGEAIS POUR LA VIE DANS CE CHEMIN QU 9ETAIT L9ECRITURE, IL
NE S9AGIRAIT PAS SEULEMENT DE