Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 54
pédagogique puisque la référence ici déjà
permet de limiter les erreurs d9interprétation.
Bien-sûr la perche tendue au lecteur est une
arme à double tranchant : car fournir un auteur,
c9est un fournir un discours littéral, celui de la
citation livrée comme un prélèvement extrait de
toute une Tuvre qui reprend, inséré dans le
nouveau texte, une toute nouvelle allure avec le
risque du détournement de la référence, de
sorte que, comme tout emprunt et toute
insertion de texte, le collage fait craindre le
risque de l9insertion abusive, tronquée ou
artificielle. Cela vaut particulièrement pour les
auteurs cités qui ont les Tuvres les plus riches
et protéiformes, cas par exemple de Annie
Dillard, référence déjà croisée chez Dorion85.
Faut-il voir derrière ce simple nom la détentrice
du Prix Pulitzer pour Pilgrim at Tinker creek
(1974), la voyageuse ( Teaching a stone to talk,
1982), la poète (Mornings like this, 1995) ?
Comme Rabelais, Montaigne avant elle ou plus
récemment Stendhal, les références fournies
par H. Dorion via les mentions épigraphiques
l9auteur de tisser un lien très particulier et très sont autant le fil d9Ariane que le labyrinthe luiimmédiat avec les lecteurs (-certains lecteurs du même.
moins, les plus téméraires, qui s9aventureront
dans la forêt des références), ces derniers se Les accompagnements
mettant soit dans la position de l9élève (l9auteur musicaux
ayant fourni les références, parfois inconnues, à L9écoute telle que souhaitée par l9auteure serait
aller approcher) soit dans celle, plus simultanée si l9on en croit la mention portée en
valorisante, de l9enquêteur qui ira vérifier, fin d9ouvrage,
marcher sur les traces de l9auteur pour mieux
cerner
les
présupposés de
son
écriture.
Que
les
propositions
épigraphiques
soient saisies par les lecteurs, la démarche de
l9auteur est celle d9un petit Poucet semeur de or, paradoxe, la mention de l9accompagnement
cailloux (relevés ou pas ensuite) qui donne le sonore est délivré en toute fin de Mes forêts),
ton d9une certaine intimité voire connivence ce qui ne peut conduire qu9à lire deux fois le
possible :
collaboration,
connivence recueil : une fois la première lecture spontanée
intellectuelle et culturelle, mais aussi démarche
A la fin de Sous l’arche du temps (2003, rééd. Ed. de la
Différence, 2005), Hélène Dorion livre la liste des ouvrages
dont elle a extrait des citations (p.91) et commence par
85
Annie Dillard, pour En vivant, en écrivant, chez Chr.
Bourgeois, 1996 trad. de l’anglais The writing life, Harper &
row, 1989.
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