Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 63
le syntagme « nos solitudes » : c9est cet
équilibre précaire entre nature humaine et
nature végétale, soi et les autres, l9altérité audedans de soi, entre le vu et l9entendu, l9image
et le son, la profondeur et la superficie qui, à la
fin de ce poème, est assumé et posé comme
La fin du poème consacre la proximité voire
programme de toute la démarche introspective
l9identité entre nature/homme (par la
du recueil. Les peurs et les tensions affrontées,
personnification des illusions, dites « frêles »,
la résilience par la poésie peut avoir sa chance.
ainsi que du « gémissement » prêté au forêts).
Elle propose aussi un modus original, fondé sur
le paradoxe (pour ne pas dire un oxymore) dans
Se rappeler aussi que l9écorce est l9épiderme de
l9arbre, sa couche superficielle mais protectrice
: en fin de groupement ici, on est remonté à la
surface après être passé par le « fond » et le
« dedans »
En conclusion, on retiendra que l9ensemble formé par ces cinq petits poèmes successifs reproduit
en miniature le mouvement général du recueil : de l9espace au temps, des profondeurs aux cieux,
de la rupture douloureuse à la fragilité constructive.
Difficile de ne pas penser, en lisant cette suite, à un poème d9une des sources d9inspiration de
Dorion, la poésie prudente et pudique de son confrère français, le discret Lionel RAY :
Comme une feuille dans la flamme
et il n9y a plus rien à faire
Comme une foule
les vagues se mettent à genoux
la lumière est si pâle
[&]
Je croyais deviner un nom dans les
cendres
un visage simple
un corps blotti
Nous sommes seuls
dans cet orchestre
d9ombres
presque seuls
le sang est calme
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