Perspectives littéraires n.3 - Journal - Page 81
Étude transversale la forêt
dans Mes forêts
On ne peut que constater la forte présence de
la forêt, omniprésente et obsessionnelle, ce qui
est d9autant plus étonnant que cette forêt ne se
donne aucune caractérisation précise qui
pourrait l9inscrire dans une topographie ou un
espace physique typique : une forêt ne nous
quitte jamais que nous ne pouvons pas
visualiser, au-delà des généralités prévisibles
(arbres, feuilles, branches, humus). Nous
regardons donc avec insistance un paysage que
nous ne voyons pas. On comprend donc très
vite que visualiser ou planter un décor n9est pas
le but.
Introduction
Nous avons vite saisi que chez Dorion, la nature
engage l9intime avec la poésie comme facteur
crucial. L9étude transversale ne revient ici pas
sur la réflexion déjà menée plus haut sur Mes
forêts, ce syntagme normal pour un titre, ni sur
sa fonction de fil conducteur en tant que
leitmotiv structurant du recueil. Nous gardons
aussi en tête le choix fait par Dorion d9un
vocable simple, en forme de généralité de
niveau de langue courant, qui ne veut nous
parler ni de géographie physique ni d9écologie.
Recensement
Enfin, nous gardons en mémoire l9étymologie
même du mot, « forêt » renvoyant à l9extérieur, Poème liminaire : 4 occurrences
Mes forêts sont de longues traînées de temps
un au-delà hors-norme, disqualifié.
Ayant déjà évoqué plus haut dans notre étude
la fausse simplicité que ce lieu démontre, (par
l9emploi du déterminant possessif), et faisant le
pari n9est pas tout à fait locatif, nous laisserons
l9étude transversale travailler plutôt sur la
richesse et la complexité de ce paysage que
suggère le pluriel et prendre plus précisément
trois directions :
➢ La forêt ancrage spatial et terrain
initiatique,
➢ La forêt, ce paysage concret chargé de
traduire l9abstrait,
➢ La forêt, faussement naturelle et
véritablement humaine.
mes forêts sont des greniers peuplés de
fantômes
mes forêts sont mes espoirs debout
Mes forêts / sont des nuits très hautes
Première section : 18 occurrences
Les forêts / apprennent à vivre / avec soimême (fin de poème « l9horizon »)
Les forêts hurlent / entre racines et nuages (fin
de poème « l9arbre »)
Les forêts s9embrasent (fin du poème « le
rocher »)
Les forêts entendent nos rêves (fin de poème
Préalables : occurrences du terme
« forêt(s) »
« le tronc »)
On dénombre, titre exclu, 46 occurrences pour
60 poèmes environ distribués eux-mêmes en
4 sections inégales et où 5 poèmes sont euxmêmes intitulés « Mes forêts » tout comme le
titre du recueil Mes forêts (au début, à la fin
du recueil, à chaque charnière).
branche »)
Les forêts vacillent (fin de poème « la
Les forêts creusent (fin de poème « les
feuilles »)
Les forêts grincent (fin de poème « l9écorce »)
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