Perspectives Littéraires nurméro 1 octobre 2022 F Gherman IA IPR de Lettres - Journal - Page 40
Perspectives littéraires, numéro 1, octobre 2022
cachent à peine les visages
grotesques,
où
chacun
philosophe, où
tout se
contredit et où les désirs
individuels se perdent dans les
feux follets d'une gloire vaine
et factice.
Cependant, ces antithèses
créent
également
des
situations heureuses, quand la
contradiction entre le fantasme
et la réalité est sublimée par un
regard « vrai » (où « voir »
devient « savoir »).
- Ainsi les passages avec
Pauline montrent souvent un
dépassement sublime. Au
début du roman, Pauline
représente
la
pauvreté,
l'impossibilité d'une évolution
sociale, une sorte d'inertie sans
désirs, cependant, on trouve
dans ces passages des
descriptions
du
réel,
dépouillées, sans artifice, où
l'enargeia de la description
prend la place de l'énergie du
désir et du fantasme. Ainsi la
misère
sociale
des
personnages est dépassée par
la beauté sans pourquoi des
choses et de l'amour, dans des
descriptions où la poésie se
passe
des
délires
de
l'imagination. A la fin du roman,
c'est l'amour qui révèle une
nouvelle énergie, non pas celle
du désir et de la passion
violentes, mais celle de l'être et
des choses.
De toute évidence, la question
de l'art (le roman et ses fictions
d'un côté et la poésie
et ses descriptions
immobiles) sera un
élément
essentiel
pour étudier ces jeux
de contradictions.
Le parcours met donc
en exergue la tension
dramatique de la vie,
mais aussi la tension
de l'oeuvre d'art,
entre
réalité
et
fantasme, entre désir
et sagesse, entre
puissance créatrice et
destruction,
entre
l'énergie tragique du
désir (il fait souffrir de
ce qui lui manque et
meurt quand il est
assouvi) et l'energeia
sage de l'être et des choses.
Ainsi, l’adage du sage est peutêtre une clef pour ce parcours :
« ma seule ambition a été de
voir, voir n'est-ce pas savoir ?
».
II. Analyser l'oeuvre
sous le prisme du
parcours
1)
Explications
linéaires
De nombreuses traversées de
l'oeuvre sont possibles.
Pour mettre en évidence
comment la société est
créatrice et destructrice de
fantasmes et perd les
39
individus dans des désirs
illusoires qui les dévorent :
-Dans la première partie, on
pourrait étudier les splendeurs
et misères de la bourgeoisie, à
travers un extrait de la
description du luxe vide de
l'orgie (scène du repas : «
Pendant cette aurore de
l’ivresse… » p.80 et p.81).
-Dans la deuxième partie, on
pourrait étudier un passage
montrant
le
désir
fantasmatique de Raphaël
d'aimer
une
femme
inaccessible, et montrer les
errances fantasmagoriques du
personnage sur ces figures
illusoires. Par exemple, la
présentation générale de ce
fantasme d'une femme riche
par Raphaël (« Ah ! Vive l'amour