Perspectives Littéraires nurméro 1 octobre 2022 F Gherman IA IPR de Lettres - Journal - Page 41
Perspectives littéraires, numéro 1, octobre 2022
dans la soie… ») ou la rêverie
de Raphaël sur le seul nom de
Foedrora (p. 153) ou encore le
fait qu'il tombe « amoureux » de
cette femme avant même de
l'avoir vue (p. 156).
-Dans la dernière partie, on
pourrait étudier, dans cette
perspective,
le
monstre
destructeur qu'est le fantasme
social, la vision hallucinée et
angoissée de toute la société
réunie, fantômes de ses désirs,
chez lui (p. 367).
Pour
accompagner
ces
explications, on pourrait choisir
la scène de dévoration de l'oie
dans L'Assommoir de Zola où
la misère, vue par un
Naturaliste, transforme les
désirs en faim, où les
fantasmes sont avilis au rang
de besoins charnels (sexuels et
digestifs) et où Gervaise est
dévorée par l'envie et la faim
d'une société misérable. On
pourrait également choisir une
scène chez Flaubert, par
exemple extraite du festin
initial des Mercenaires dans
Salammbô, entre fantasme,
rêverie orientale et illusion
tragique.
Pour montrer l'opposition
entre
différentes
types
d'énergie
artistique,
on
pourrait
parcourir
des
descriptions qui déploient
tour à tour l'énergie de
l'imagination et ses délires
sublimes et fatals, ou
l'energeia
des
choses
ellesmêmes, des images
sans imagination :
-Première partie : la
description
du
magasin d'antiquités
est marquée par la
rêverie
morbide
autour
d'œuvres
d'art (tension entre
le désir de création
artistique et le délire
inquiétant du sens,
par exemple : p. 4344 « Là dormait un
enfant de cire (…)
les tours de NotreDame »)
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On
pourrait
étudier
précisément dans ce passage,
comment la description des
objets signale le tragique de
l'existence de Raphaël :
véritable tableau de la vie de
Raphaël (de l'enfance à la mort,
en passant par l'adolescence,
l'âge adulte -avec sa sagesse
puis sa folie et son goût de
l'orgie-), il révèle une vie placée
sous le signe de l'errance :
errance macabre dans le
fantasme (tout y est artificiel –
peintures, stéréotypes – par
exemple sur Tahiti et le mythe
de l'enfance de l'humanité-,
etc....), errances entre les
émotions (tous les sentiments
heureux y sont déjà assombris
par une atmosphère macabre).
Autrement dit, Raphaël a déjà
consumé sa vie avant de la
vivre, pris qu'il est dans le
fantasme
et
la
rêverie,
incapable
de
vivre
véritablement, incapable d'agir,
immobile et cireux, comme la
petite
momie
d'enfant
échappée du cabinet de
Ruysch. Ce qui le tue, c'est son
incapacité à vivre la réalité.
-Deuxième partie : on pourrait
étudier la description simple et
austère d'une vue de sa
mansarde pauvre : la beauté
simple et misérable de la
mansarde
souligne
un
personnage
entièrement
tourné vers le monde des idées
et de la morale. Influencé par la
lecture de Rousseau, il cherche
un regard « naturel », mais y