Perspectives Littéraires nurméro 1 octobre 2022 F Gherman IA IPR de Lettres - Journal - Page 58
Perspectives littéraires, numéro 1, octobre 2022
Analyse de l’extrait 1
Introduction
Sido consiste en un récit
autofictionnel centré dès le
titre sur la figure maternelle,
figure
qui
s’est
progressivement
dévoilée
après l’incipit, nous faisant
passer du pronom personnel
au syntagme nominal introduit
par le possessif au syntagme
étoffé par l’expansion du nom
(épithète « charmante ») pour
aboutir à l’apocope (version
syncopée qui traduit la
complicité avec le lecteur qui
sait qui est désignée par le
diminutif) et mythifiée (entre
guillemets, souvent), « Sido ». «
Sido » fait une entrée théâtrale,
surgissant dans le récit in
medias res, puisque son arrivée
se donne à lire par le dialogue
(qui consacre la vivacité de son
irruption).
Premier défi à ce stade : figer
la scène vivante en un moment
contemplatif
Risquer l’inertie de
l’image
fixée
au
détriment
de
l’histoire.
Comment rendre cette histoire
particulière
communicative
voire universelle ?
La
célébration du monde suppose
de donner à cette anecdote de
l’envergure, bref, il s’agira de
rendre le trivial majeur voire
crucial.
Mouvements du texte
Les trois mouvements du texte
pourront mettre en évidence la
scénarisation
patiente
et
ordonnée du souvenir :
Jusqu’à « neige volante », il
s’agit de l’installation dans un
souvenir
exception
=>
intéressant
(captatio
benevolentiae).
Jusqu’à « notre jardin … »,
l’animation du souvenir par la
métaphore filée nous fait
éprouver la jouissance d’une
plénitude dans le souvenir.
Jusqu’à « froids crépuscules »,
l’extase parasitée, relevant de
ce que nous appellerons la
tension commémorative de
l’écriture colettienne.
Comment articuler le
comique du début de
Sido
(satire
des
parisiens)
à
un
moment plus sérieux
(la valeur de l’enfance)
?
Premier mouvement
L’installation dans le récit
« Il y avait en ce temps-là » :
imparfait
(flou,
lointain),
tournure impersonnelle (qui
raconte
?),
formulation
conventionnelle (cf. B. Cendrars
« en ce temps-là j’étais… », « il
était une fois… ») typique des
contes.
Le flou est entretenu, laissant
la place à la divagation, par des
formules telles que « Ce tempslà » temps étant un terme
générique
approximatif
(calendrier vague), tandis que
le démonstratif « ce temps-là»
rend le lecteur témoin et le
consacre apte à solliciter son
imaginaire.
• Le texte consent des évidence
(« de grands hivers ») ainsi
qu’une redondance (« brûlants
étés ») aux allures de
pléonasme ? On en déduit que
le texte veut moins
informer que générer
une atmosphère apte
à conforter le lecteur
dans une
• Étalement dans le
temps de l’imparfait à
valeur itérative : le
temps
passé
se
présente comme un
rituel.
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