Le Moci décembre-janvier n°2100-2101 - Magazine - Page 55
LE CONSEIL du credit manager
Avec la Grèce et le Portugal, l’Italie est
l’un des pays de l’Union européenne les
plus frappés par la crise économique et
l’inflation des coûts de l’énergie. Coface
a revu à la baisse la note de risque pays
de l’Italie en octobre 2022, de A4 à B,
comme pour Chypre, un signe que la
situation est préoccupante. Ceci a bien
évidemment des conséquences directes sur
la vie des entreprises. Après cinq années
consécutives de baisse des défaillances
d’entreprises, l’Italie a vu les défaillances
exploser en 2021 (+19 % selon Allianz
Trade), et la tendance se poursuit en 2022
(+6 %) et 2023 (+21 %).
Cette explosion est principalement due
à l’arrêt de plusieurs mesures d’aides
qui avaient été prises par les autorités
publiques pour « freiner » l’explosion des
défaillances provoquées par la pandémie.
Comme ailleurs, l’impact est catastrophique
sur certaines entreprises dont la fragilité
avait été un temps masqué par les aides
financières publiques.
Pour mémoire, rappelons la récente
entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur
les faillites introduisant une procédure de
sauvegarde qui semble connaître beaucoup
de succès en Italie. Notons également que
la faiblesse du système bancaire italien a
entraîné, entre autres conséquences, une
raréfaction du crédit court terme pour les
TPE et PME. D’où une nette augmentation
du recours au bon vieux crédit fournisseur.
Selon les statistiques de l’Union de Berne,
en 2021, l’Italie figurait en quatrième
position des pays sur lesquels les assureurscrédit avaient versé des indemnisations sur
les opérations court terme.
En matière de comportement de paiement,
l’Italie reste en outre l’un des plus mauvais
élèves de l’Europe et les efforts des
autorités pour généraliser la facturation
électronique depuis 2019 ne semblent pas
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avoir d’effets dans ce domaine. Les délais
se sont encore dégradés sur les premiers
mois de 2022, plus particulièrement dans
le secteur public. Comme le disait avec
beaucoup d’humour Alberto Conti, Senior
Credit Director Europe de DKNY lors d’une
intervention en novembre 2013 à une
Conférence de l’AFDCC, « there is always
time to die and to pay ». Autrement dit,
il ne sert à rien d’essayer d’imposer des
délais courts qui ne seront le plus souvent
pas tenus, mais il ne faut pas non plus
être laxiste et laisser traîner les factures.
Ne pas hésiter à relancer les débiteurs
dès l’échéance atteinte, voire avant,
en pré-relance.
Mais, attention : les statistiques sur les
défaillances d’entreprises sont à prendre
avec prudence, car publiées souvent
avec beaucoup de retard. En outre,
la dernière loi italienne sur les faillites,
en introduisant des procédures de
sauvegarde, a considérablement réduit
le nombre d’entreprises susceptibles
d’être en liquidation, rappelant ainsi
la situation de l’Espagne il y a quelques
années. N’oublions pas non plus que
les PME italiennes sont plus touchées que
les PME françaises par les crises libyennes
et tunisiennes. Grande prudence, donc,
en matière de credit management, l’Italie
demeure un pays à risque commercial élevé.
Enfin, dernier point, attention au
formalisme de la clause de réserve de
propriété : pour être efficace (et encore…),
elle doit être conclue par écrit et être
confirmée sur chaque facture et dans
la plupart des cas, enregistrée (voir articles
1523 et 1524 du Code civil italien). Notons
que l’article 1523 stipule que si l’acheteur
n’acquiert la propriété de la chose
qu’au moment du paiement de la dernière
tranche du prix, il supporte néanmoins
les risques dès la livraison.
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