LMi-MAG 11 Dec - Flipbook - Page 10
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ENTRETIEN
François DAVID
DSI de l’Olympique lyonnais
de nos systèmes. Non seulement avec Salesforce, mais
aussi avec beaucoup de technologies Microsoft Azure
pour du débordement de charge et optimiser les temps
de réponse ainsi que la performance. On a aussi un peu
d’AWS. La tendance pour nous, c’est de capitaliser avec
nos partenaires. Microsoft nous avait pas mal accompagné, on a tendance a choisir plutôt une approche de
rationalisation sur Azure tant au niveau des contrats
de services, de maintenance que du monitoring pour
être plus performant. Nous avons aussi de gros enjeux
autour de la data, des enjeux très riches et variées.
Quels sont-ils ?
FD : J’ai pour habitude de segmenter les approches sur
la data en plusieurs pôles. Sur la gestion de la donnée
client spectateur et marketing, elle est centrée autour
de l’individu : son parcours, ses usages, sa consommation et ses besoins. On fait énormément de collecte et
d’exploitation de données clients. Ensuite, sur le volet
sportif en compétition ou cycle de phase d’entraînement et de gestion de la performance de nos équipes, on
fait de la captation vidéo et de l’exploitation de données
sportives. On collecte de gros volumes de statistiques de
matchs que l’on couple avec des données vidéo tactiques
pendant les entraînements et les matchs. Cela permet
d’analyser la cadence, les déplacements des joueurs et
de transformer ces donnés en statistiques. Pour cela,
on utilise des capteurs GPS, des objets connectés et de
l’IA avec des algorithmes que l’on entraîne. Cela répond à des besoins d’organisation tactique, d’analyse
post et avant match pour préparer les confrontations
face aux adversaires, analyser comment les adversaires
jouent, leur état de performance. Mais aussi identifier
les points individuels ou collectifs à améliorer, et faire
de la prévention des blessures par exemple.
L’IA ne risque-t-elle pas de se substituer
à l’entraîneur et aux équipes techniques
et médicales ?
FD : Dans l’industrie du sport et du football les méthodes de travail évoluent. La technologie ne remplacera jamais le savoir-faire et l’expérience. Il faut de
la nuance et l’interprétation d’un humain et d’un professionnel ne pourra pas être remplacée. Il faut toujours
considérer l’IA comme un élément complémentaire
pour accéder à de l’information plus rapidement pour
être analysée et discutée avec les gens sur le terrain. Le
10 / Hors-série Data / décembre 2021 / janvier / février 2022
traitement des chiffres a besoin d’être contextualisé.
Un autre pilier de l’exploitation des données est lié au
bâtiment, au stade, dont on est propriétaire et exploitant, et sur lequel on cherche de l’efficacité opérationnelle. On ne travaille pas seulement sur de la collecte
d’informations et de gestion technique du bâtiment,
mais aussi sur la remontée de données de capteurs et
objets connectés répartis un peu partout dans le stade.
Cela nous permet de travailler sur la consommation
d’électricité et d’eau, et sur l’optimisation des éclairages
pour activer différents scénarios d’usage en fonction de
l’occupation des lieux. Nous avons créé pour cela différents datalake depuis lesquels on récupère les données
pour aboutir à un jumeau numérique du stade. Cela nécessite d’adopter une approche spécifique en termes de
stockage des données pour les restituer, par exemple,
directement dans les applications métiers. On réalise
aussi du dashboarding, du croisement des données
transactionnelles, de la collecte de données au format
non structuré... On utilise pour cela une variété de solutions, dont Azure, CosmoDB, des bases de données
NoSQL et graphe.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet
de jumeau numérique ?
FD : Le concept de jumeau numérique est complètement d’actualité et c’est l’un des projets stratégiques
lié à l’OL Valley Arena, un lieu qui va accueillir entre 80
et 120 événements par an, principalement des concerts
et des rencontres sportives, de l’e-sport, des shows sur
glace... Il est prévu pour fin 2023. Depuis la fin de la
rénovation du stade actuel de l’OL, terminée en 2016, le
métier du bâtiment a beaucoup mûri et s’est très fortement digitalisé. Aujourd’hui, on est plus seulement sur
de la modélisation de plan, mais on a adopté une approche BIME complète qui intègre tous les corps d’état