LMi-MAG 11 Dec - Flipbook - Page 13
© Thomas Leaud
Operate Transfer. Nous avons sélectionné un partenaire,
Capgemini, pour disposer d’une centaine de développeurs prêts à développer du jour au lendemain en
mode agile. Sur le plan opérationnel, le programme de
transformation proprement dit a démarré début 2020.
Grâce à l’usine digitale mise en place, nous avons directement pu commencer à délivrer les premiers projets de
transformation dès février 2020.
Quels ont été ces premiers projets ?
AG : Nous avons construit les fondations de la plateforme
digitale du groupe, centrée sur les données. Le groupe
Saur dispose en effet d’un grand nombre d’équipements
industriels, avec des milliers de capteurs. Chaque jour,
nous avons plus d’un million de données différentes qui
remontent de ces équipements OT (operational technologies). Pour en tirer de la valeur, il nous fallait reconstruire une plateforme IoT - il en existait une, mais
assez ancienne. Dans la même optique, notre but est de
rendre communicants tous les outils d’information : le
logiciel de CRM, le système d’asset management avec
lequel nous gérons la maintenance de nos équipements,
l’application de planification avec laquelle nous gérons
les interventions de nos 5000 techniciens, etc.
Nous avons aussi créé une plateforme pour les consommateurs, avec un site Web et une application mobile,
qui fournissent des téléservices pour les usagers. La
data platform est au centre de ce nouveau système d’information. Nous avons modernisé une grande partie du
système d’information, avec un nouvel outil de planification, un nouveau CRM, etc. Cela a eu un énorme impact
sur la manière d’opérer les services de l’eau : il s’agit bien
d’un projet de transformation d’entreprise, pas d’un
projet purement technologique. Dans ce programme,
les équipes métiers et IT travaillent de concert.
Les données et l’intelligence artificielle tiennent
un rôle essentiel dans cette transformation
métier. Pouvez-vous nous présenter quelquesuns des cas d’usage sur lesquels vous travaillez ?
AG : Actuellement, le volet Transform en est à sa deu-
xième étape : l’ajout de l’intelligence artificielle pour
aider à la décision, faire du prédictif au lieu du réactif.
Nous orientons les usages de l’IA sur notre mission, défendre l’eau, qui se décline en trois objectifs : protéger et
sauvegarder l’eau en qualité et en quantité, développer
et soutenir les territoires et enfin promouvoir un usage
plus responsable de l’eau. Nous avons coutume de rappeler que sur les plus de 70 % d’eau présents sur terre,
moins d’1 % seulement est potable. Dans un contexte de
sécheresse croissante en France, et plus encore dans
d’autres pays, l’eau est une ressource sous tension. L’IA
et les données permettent d’agir face à ces problèmes et
PROFIL LINKEDIN
cutt.ly/linkedin-guehennec
« Nos algorithmes permettent de détecter la localisation probable d’une
fuite et peuvent même indiquer là où des fuites sont les plus susceptibles
de se produire », Alice Guehennec, CDIO du groupe Saur.
vont nous aider sur nos trois objectifs. Sur le premier,
elles nous aident à effectuer un suivi en temps réel de la
qualité de l’eau, à surveiller la ressource en eau et à prédire le niveau de consommation, en vue ensuite d’alerter
et d’agir sur les comportements. Sur le second point, l’IA
nous aide à réduire notre consommation énergétique.
Le groupe Saur vise d’ailleurs pour 2022 100 % d’énergie
renouvelable. L’IA contribue également à réduire les réactifs chimiques utilisés pour le traitement de l’eau, ainsi
qu’à réduire les pollutions qui se produisent parfois lors
des orages, en cas de débordements. Elle aide aussi à
réduire les pertes d’eau au niveau du réseau : nos algorithmes permettent de détecter la localisation probable
d’une fuite et peuvent même indiquer là où des fuites
sont les plus susceptibles de se produire, afin d’agir en
amont. Enfin, sur le troisième volet, nous proposons aux
usagers - aussi bien usagers finaux que collectivités - des
services en temps réel pour les sensibiliser sur le sujet
et influencer les comportements, en nous inspirant de
la théorie du nudge (influence douce). Nous aidons par
exemple à ajuster automatiquement le niveau d’arrosage
des parcs et jardins quand il existe des tensions sur la
ressource. Les données rendent possibles ces approches
de « smart city », en permettant des échanges entre les
services chargés des espaces verts et les services de l’eau,
qui auparavant n’existaient pas.
SUITE
DE L’ENTRETIEN
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