LMi-MAG 12 mars - Flipbook - Page 41
L’espace de travail digital a changé,
mais reste assez complexe à matérialiser !
D
epuis la crise sanitaire il y a deux ans, le digital
workplace a fait sa mue vers un mode de
travail hybride des utilisateurs alternants le
télétravail et une présence moindre au bureau.
Et comme le mentionne Charlotte Noël, directrice
associée digital workplace chez Capgemini Invent, lors
de la table ronde sur le digital workplace organisée par
le Club de la Presse Informatique B2B en janvier dernier,
c’est parti pour durer même après la pandémie. Le
travail à distance a vraiment changé la donne et corrige
ce que nous avons pu écrire sur le digital workplace, il y a
quelques années, lorsque le discours sur cette thématique
était surtout orienté vers la consumérisation de l’IT
au bureau. Bref, des usages personnels (Byod, Apps,
réseaux sociaux, Web, etc.) qui s’invitaient alors dans le
monde professionnel. Aujourd’hui, le digital workplace
doit désormais prendre en compte ces modes de travail
hybrides avec tout le lot d’innovations technologiques
qui s’y attachent, à savoir les outils d’accès, de partage,
collaboratifs et bien plus encore. « Chez Capgemini, nous
nous aidons des grands écrans interactifs et collaboratifs,
les Surface Hub de Microsoft, nous déployons même des
capteurs IoT pour contrôler les présences. En outre,
les traditionnels téléphones fixes ont disparu, Teams
est devenu un hub de collaboration en interne, nous
l’appliquons aussi chez nos clients », donne en exemple
Charlotte Noël, et d’ajouter : « Nos interlocuteurs dans
les entreprises ne sont plus seulement les DSI, mais aussi
des acheteurs de produits mobiliers. Comment équiper
une salle, un bureau et toute l’expérience qui va autour
des réunions. » Dans cette nouvelle transformation qui
s’opère, de nombreuses entreprises interrogées dans
ce dossier nous donnent ainsi leur vision du bureau de
demain en mettant en avant leurs propres expériences
de travail hybride.
Du fantasme à la réalité
Mais attention, imaginer le bureau du futur fait parfois
beaucoup fantasmer. Sur le terrain, dans la majorité
des entreprises, l’environnement de travail physique de
l’utilisateur a finalement peu évolué ces dix dernières
années hormis la prise en compte, souvent par obligation, du télétravail. Ce dernier a certes entraîné l’adoption massive d’applications de visioconférence, d’outils
de collaboration et l’achat d’équipements (ordinateurs
portables et périphériques associés), sans oublier les
nombreux dispositifs de connexion et de sécurité qui
vont avec. Mais de là à parler de disruption de l’environnement de travail, n’exagérons pas ! La révolution du
digital workplace n’est pas encore à l’ordre du jour dans
la majorité des organisations, mais elle viendra peut-être
avec un vaste réaménagement des locaux étant donné
que de nombreuses sociétés envisagent, en effet, de réduire la surface de leurs bureaux. Au Crédit agricole par
exemple, un immense marché autour de la restructuration des espaces se dessine. En outre, d’autres raisons
freinent aussi la transformation de l’environnement de
travail. Déjà l’hétérogénéité générationnelle des équipes,
il est parfois compliqué de tout bousculer, les millenials
(les 25-30 ans d’aujourd’hui)
n’ont pas forcément les
mêmes façons de travailler que les générations X (années 70)
ou Y (années 90). De
plus, la refonte d’un
environnement de
travail coûte cher à
l’entreprise, car, en
plus des coûts liés aux
nouveaux outils numériques et à leurs dysfonctionnements (d’ailleurs très élevés lors du télétravail),
se greffent des coûts mobiliers (casiers personnels et
petites salles de réunion) et immobiliers (réaménagement des espaces avec déplacement des prises et des
lumières). La mise en place du digital workplace reste
un projet à part entière qui nécessite généralement
du temps et un accompagnement soutenu du changement. Comme le mentionne Stéphane Padique, responsable avant-vente des solutions digital workplace chez
VMware France et Iberia, un projet de digital workplace
est souvent concomitant à d’autres projets autour des
applications business et de collaboration, souvent en
mode SaaS. Enfin, un dernier problème est à soulever,
c’est la compréhension même du digital workplace qui
n’existe pas sous la forme d’un produit ou d’un service
packagé qu’apprécient tant les entreprises, notamment
les PME et les ETI.
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