LMi-MAG 13 juin - Flipbook - Page 25
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Les grands projets publics de l’UE et
du gouvernement allemand sont généralement
accompagnés de subventions ou de fonds
de soutien qui attirent les entreprises
les plus diverses. Peut-on espérer
un véritable engagement ?
PROFIL LINKEDIN
cutt.ly/linkedin-Pfirsching
« L’Europe ne veut pas rester à la traîne en ce qui concerne
les questions d’infrastructure numérique », Volker Pfirsching,
associé chez Arthur D. Little.
flous. Aujourd’hui, il s’agit d’une association peu structurée qui, à mon avis, fonctionne trop au niveau méta.
Il y a toujours une tentative de trouver des règles et des
normes communes. On est encore loin de cas d’utilisation
clairs et tangibles. Gaia-X n’est jamais sorti de ce gouffre
théorique. Il n’a jamais vraiment atteint le point où les
entreprises diraient : « Je vois de la valeur là-dedans. »
Cela signifie-t-il que Gaia-X est déjà mort ?
VP : Je vois un grand danger, en tout cas, que le projet
ne décolle jamais. Le fait que des membres importants
se retirent peu à peu et que les fonds ne sont pas versés comme prévu n’est pas bon signe. La confiance dans
l’initiative Gaia-X s’effrite. La question qui se pose est
la suivante : s’agit-il d’un effet correctif qui conduira à
une amélioration du contrôle et de la mise en œuvre ?
Ou est-ce le début de la fin ?
Après tout, il y a une organisation globale qui contrôle
l’ensemble, plus les hubs et les communautés correspondantes. A mon avis, il y a trop de groupes de discussion théoriques. Ce dont nous avons besoin maintenant,
c’est d’une gouvernance claire qui garantisse que l’on se
concentre sur un objectif et que les nombreux intérêts
particuliers soient mis de côté. C’est le gros problème
avec Gaia-X : il y a trop d’acteurs, grands et petits, qui
poursuivent tous leurs propres intérêts.
Quelques cas d’utilisation ont été lancés et des projets
initiaux ont reçu des budgets pour démontrer des mises
en œuvre exemplaires dans divers secteurs, mais l’image
globale fait toujours défaut. A quoi ressemble réellement
notre infrastructure cloud conforme à la réglementation ?
VP : C’est ce que j’entends par intérêts particuliers.
Des acteurs complètement différents sont à l’œuvre,
des fournisseurs de datacenters aux opérateurs de cloud
IaaS, PaaS et SaaS. Tout le monde veut prendre le train en
marche. Et beaucoup ont maintenant atteint le niveau de
la désillusion. Si l’on se réfère au célèbre Hype Cycle de
Gartner, Gaia-X est à la croisée des chemins.
Soit l’initiative sombrera rapidement dans l’insignifiance,
soit les responsables s’en rendront compte. Nous nous
sommes trop longtemps limités à trouver un consensus
à un méta-niveau au lieu de produire des cas d’usage
créateurs de valeur ou des plateformes réellement utilisables par les entreprises. Jusqu’à présent, il n’y a eu
pratiquement que des discussions sur ce à quoi pourrait
ressembler un tel écosystème partagé.
Je soupçonne qu’un certain nombre de membres qui
avaient participé à un moment donné parce qu’ils
croyaient en son succès vont se retirer. Il n’est pas nécessaire d’avoir une boule de cristal pour prédire que
cet exode est maintenant imminent. Mais je ne veux pas
appeler cela la fin de Gaia-X pour le moment. Il pourrait
aussi s’agir d’une purge salutaire.
Mais ce n’est vraiment pas agréable pour
quiconque de n’avoir encore rien de tangible
entre les mains après une si longue période...
VP : C’est justement le problème. Les participants à
ce projet n’ont pas encore trouvé grand-chose qui aille
au-delà d’un concept théorique. Il existe quelques petits pilotes, mais ils sont très pointus et ne sont utiles
que pour des cas d’usage très spécifiques. Si, en tant
qu’entreprise, je devais poursuivre une stratégie de type
« cloud first » ou même « cloud only », Gaia-X n’est pas
un concept utilisable pour moi aujourd’hui.
Les entreprises n’ont pas d’autre choix que de s’adresser aux hyperscalers si elles recherchent une solution
d’IA basée sur le cloud, par exemple. Rien n’a changé en
SUITE
DE L’ENTRETIEN
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