LMi-MAG 13 juin - Flipbook - Page 39
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hez Decathlon, l’intelligence artificielle (IA) est un levier essentiel,
qui contribue notamment à l’expérience client et à la conception de
produits à impact limité. Le 14 avril
2022, lors du WAICF (World Artificial Intelligence Cannes Festival),
Didier Mamma, vice-président
data value creation et responsable de l’AI factory chez
Decathlon Technology, a partagé la façon dont l’enseigne
sportive évalue le potentiel de l’intelligence artificielle et
des technologies d’automatisation. Pour le responsable,
une des clefs de la réussite est d’intégrer une dimension
d’empathie dans la classification des cas d’usage.
linéaire, en noir et blanc comme on le voit souvent, avec
d’un côté les tâches répétitives, entièrement automatisables, et à l’opposé les tâches complexes et créatives »,
a averti Didier Mamma. Pour lui, une telle vision est trop
réductionniste. « Dire que les machines vont faire disparaître 60% du travail suscite de grosses résistances,
tant en interne que chez les clients finaux, car ceux-ci ne
vont pas d’un coup faire confiance à des algorithmes. » La
réalité est plus complexe et, pour Didier Mamma, il faut
humaniser l’analyse.
Pour cela, Decathlon a développé une matrice en 4 dimensions, avec un axe vertical représentant le besoin d’empathie et de confiance et un axe horizontal classant les
tâches selon qu’elles demandent de l’optimisation ou de
« Notre ambition est d’offrir une expéla créativité. « S’il s’agit d’optimisation et
de tâches qui demandent peu d’empathie,
rience sportive à chacun », a lancé Didier
BUSINESS INTELLIGENCE
nous sommes en présence de tâches de
Mamma en introduction. « Pour cela, nous
TABLEAUX DE BORD
routine, qui peuvent être automatisées »,
mettons notamment l’intelligence artifiCahier des charges
a expliqué Didier Mamma. Quand il faut
cielle au service de l’expérience connectée
de la créativité mais pas d’empathie, par
et de la conception de produits à impact
exemple dans la recherche médicale ou
limité, tout en travaillant sur les questions
pharmaceutique, où il faut des faits pour
d’éthique et de protection de la vie privée. »
étayer des théories, l’IA peut faire des
Les activités de Decathlon reposent sur
cutt.ly/Business-intelligence
calculs complexes pour nourrir ces traquatre piliers : le design des produits, la
vaux. Dans d’autres cas d’usage, il existe
production, la distribution et l’expérience
à la fois un besoin d’optimisation et d’empathie. « Par
en magasin ainsi que l’expérience digitale. Sur chacun de
exemple, pour établir les prix, l’IA peut faire des recomces aspects, l’intelligence artificielle (IA) joue un grand
mandations, mais ce sont les professionnels qui dérôle selon le responsable de l’AI factory. Toutefois, parvecident de la meilleure action, car si toute la tarification
nir à mettre en œuvre l’IA avec succès dans ces différents
est automatisée, cela peut entraîner des insatisfactions
domaines soulève un certain nombre de défis. Selon Dichez les clients », a illustré Didier Mamma. Enfin, le derdier Mamma, le premier est de réunir en même temps
nier cas concerne les tâches qui demandent créativité
les compétences, la vitesse et la conduite du changement
et empathie. Dans ce domaine, l’IA peut contribuer à
nécessaires. « Il faut aller très vite. La moitié des emplois
l’intelligence émotionnelle augmentée, par exemple en
dans le secteur de la distribution sont déjà affectés par
suggérant des séquences de jeux à des game designers.
l’IA, et l’accélération est exponentielle, alors même qu’il
« Le joueur reste un humain, machine et humains
existe une résistance massive au changement. »
Humaniser l’analyse
Pour le groupe, l’IA est à la fois une question d’efficacité et de profitabilité. Sur l’efficacité, il s’agit notamment
de voir quelles tâches les humaines font mieux que les
machines, et inversement. Sur la profitabilité, l’enjeu
est de maximiser les profits. Enfin, cela pose également
des questions d’éthique et de sécurité, des enjeux très
vastes, qui incluent par exemple l’acquisition de compétences pour travailler avec l’IA et la préservation d’emplois valorisés pour les humains. Didier Mamma a choisi
de se concentrer sur les deux premiers aspects dans sa
présentation, en évoquant en particulier les enjeux liés
à l’automatisation des tâches. « Ce n’est pas une vision
Notre matrice
en 4 dimensions détermine
quelles tâches nécessitent
une collaboration
humain/machine.
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