LMi-MAG 6 Mars 2021 - Flipbook - Page 56
FOCUS
Logiciels libres
LE TOUT OPEN SOURCE :
QUEL IMPACT POUR
L’ENTREPRISE ?
De nombreux éditeurs de logiciels open source ont adopté le modèle de développement
open core pour augmenter leurs revenus. Ce n’est plus le cas de Yugabyte,
qui, en abandonnant ce modèle d’affaire, parvient à mieux valoriser sa production.
A
Matt Asay, IDG NS (adapté par Jean Elyan)
dam Jacob, cofondateur de Chef,
affirme qu’il faut suivre son
exemple et se lancer à 100% dans
l’open source. Mais pas l’open
source « Communautaire » avec
des portions payantes pour
« Entreprise ». Non, le tout open
source. Ça a l’air formidable.
Mais qu’est-ce que cela signifie pour votre entreprise ?
Certes, tout le monde ou presque aurait envie de développer des logiciels open source populaires, mais il faut
des compétences en interne pour s’en occuper, être à la
hauteur de l’attente des investisseurs, et pouvoir payer
un bail hors de prix pour occuper des locaux désormais
inutiles à Palo Alto. Mais, plus sérieusement, qu’estce qui prouve qu’une approche 100% open source fonctionne réellement ? Je me réjouis que vous vous posiez la
question, car c’est celle que j’ai posée au cofondateur et
directeur technique de Yugabyte, Karthik Ranganathan.
En résumé, voilà ce qu’il a répondu : la décision de passer la totalité de son code en open source peut être une
stratégie incroyablement payante.
Valeur opérationnelle contre valeur d’achat
Pendant la dernière décennie, beaucoup d’entreprises
ont démarré avec l’open source, avant d’opter pour
des licences propriétaires afin de générer des revenus.
Yugabyte, qui développe une base de données SQL
56 / mars / avril / mai 2021
distribuée open source, a fait exactement le contraire.
L’éditeur a commencé avec un modèle mélangeant code
open source et code propriétaire, avant de passer début 2019 au tout open source. La transition n’a pas été
simple. « Nous avions bien réfléchie à la stratégie avant
de prendre notre décision », déclare M. Ranganathan.
L’éditeur s’est intéressé très spécifiquement à la valeur
que les clients accordaient à son logiciel. « Pour les entreprises, ce qui importait le plus, c’est que la base de
données soit opérationnelle, qu’elle fonctionne correctement en production et qu’elle tourne vraiment bien, bien
plus que le fait d’avoir à payer pour acheter le logiciel »,
annonce Karthik Ranganathan.
En d’autres termes, le logiciel était important, mais la valeur incontestable ne se trouvait pas dans le logiciel luimême. Si un client ne peut pas utiliser le logiciel, celui-ci
n’a aucune valeur. C’est dans la capacité opérationnelle
du logiciel, celle qui permet au client d’être productif, que
se trouve sa vraie valeur. Pour en arriver là, Yugabyte s’est
inspiré d’AWS et d’Aurora (la base de données compatible
PostgreSQL ou MySQL, créée pour le cloud), mais aussi
de MongoDB et de son service de base de données Atlas.
Mais l’éditeur s’est également appuyé sur une expérience
directe : la plateforme Yugabyte. Celle-ci permettait aux
entreprises d’exploiter un service de base de données
Yugabyte autogéré où elles le souhaitaient, y compris
sur site. « Quand nous avons vu comment nos clients
l’avaient adoptée, nous avons compris que la plateforme