LMi-MAG SP avril - Flipbook - Page 31
© D.Marchal/Dicom/MJ
chaîne pénale à partir des procédures déclenchées par l’ensemble
des acteurs de la sécurité intérieure en France. Le ministère de
l’Intérieur et le ministère de la Justice misent sur un déploiement
généralisé de la procédure pénale numérique d’ici à début 2024
pour tous les tribunaux judiciaires. La réussite de ce projet constitue un enjeu très fort à la fois pour l’Etat et le citoyen.
Les infrastructures restent le socle de la modernisation.
Ce socle est-il désormais assez solide ?
ND : Les décisions, orientations et solutions pour avoir un socle
de transformation numérique à l’échelle sont désormais en place.
Par contre, la capacité à faire évoluer le legacy, à créer des applications sur ce nouveau socle et à passer à un niveau industriel est encore en pleine maturation. Le ministère de l’Intérieur
a migré une centaine d’applications sur son cloud PI, la DGFiP
démarre aussi la migration et la création d’applications sur son
cloud Nubo et le ministère de la Justice suit la même dynamique.
Nous sommes sur la bonne voie.
Quels sont les principaux chantiers engagés pour sécuriser
les systèmes d’information de l’Etat et des collectivités ?
ND : Les postes de travail étant les actifs les plus vulnérables
d’une infrastructure, nous avons naturellement mis la priorité sur
leur sécurisation. Associé à ce travail, il y a un important chantier à mener pour sécuriser le réseau et les infrastructures, qu’il
s’agisse de nos propres datacenters ou des infrastructures de
nos fournisseurs de cloud, qui doivent bénéficier de la certification
SecNumCloud de l’ANSSI. Enfin, nous veillons à intégrer la sécurité
« by design », dès la conception et la réalisation de nos produits
numériques, ce qui facilite par ailleurs leur homologation et le
respect des règlementations telles que le RGPD.
La transformation numérique nécessite un accompagnement des utilisateurs. Comment se traduit-il sur le terrain ?
ND : La transformation numérique est effectivement une transformation des hommes et des organisations. Au ministère de
l’intérieur, nous avions mis en place des centres de compétences
pour le passage au cloud, avec des outils d’accompagnement individuels des agents de la DSI. Un travail de même nature a été
mené au ministère de la transition écologique, en mettant l’accent
sur la proximité avec les ingénieurs. Je continue sur cette lancée
au ministère de la justice en incluant les métiers, notamment par
la création de deux centres de compétences. Le premier a pour
objectif d’accompagner les équipes de construction des produits,
en veillant à mettre l’utilisateur au centre des décisions afin de
délivrer un service réellement approprié à l’utilisateur, tout en
augmentant l’efficacité opérationnelle – ce qui, mécaniquement,
réduit les besoins de soutien a posteriori. Le deuxième centre de
compétence dit « Alpha » est axé sur l’accompagnement à la méthode DevOps, à l’intégration continue et à la migration d’appli-
PROFIL LINKEDIN
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« Travailler en proximité avec les usagers est le meilleur moyen de créer
des outils qui leur correspondent dans leur vie de tous les jours. »
Nicolas DUFFOUR, Chef de service adjoint au Service du numérique,
Ministère de la Justice
cations sur le cloud de l’état. Cela va de pair avec la construction
d’équipes plus réduites, « les squads », délibérément tournées vers
des méthodologies d’intégration et de déploiement en continu.
Les nouveaux marchés de l’état, dit agiles, permettent d’ailleurs
d’intégrer ce mode de fonctionnement et ce type de compétences
dans les équipes.
Que pensez-vous de la doctrine du cloud au centre ?
ND : C’est un acte fondateur de la transformation numérique. Il
démontre que la transformation numérique de l’état ne peut avoir
lieu sans une transformation technique, notamment au travers du
socle d’infrastructure. Bien sûr, cette conviction doit trouver sa
réalité sur le terrain. Les administrations commencent à agir en ce
sens, notamment dans la construction de leurs applications, avec
une plus grande maturité dans l’exploitation de tout le catalogue
de services cloud existant. L’un des enjeux sera de trouver des
solutions pour conjuguer un cloud souverain européen avec le
recours à des logiciels américains – couramment utilisés dans
les environnements de travail, notamment. La France a déjà initié
des projets en partenariat avec des industriels et les solutions ne
devraient pas tarder à voir le jour.
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