LMI-MAG1 DEC 2019 - Magazine - Page 28
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RETOUR D’EXPÉRIENCE
Du lait certifié blockchain
a souligné Stefano Volpi, directeur associé de
Connecting Food. Le Live Audit a été développé grâce
à un partenariat avec le CEA. Si, grâce à la blockchain,
les enregistrements du produit à chaque étape sont
infalsifiables, ce sont les contrôles de cohérence et de
validité des certifications qui vont constituer ce fameux
Live Audit.
Techniquement, Connecting Food utilise une blockchain
Hyperledger Fabric de la Fondation Linux. Les nœuds
sont distribués d’une part chez Connecting Food (avec
des serveurs situés en Allemagne), d’autre part chez
Ingredia ainsi qu’au sein d’ONG (restées anonymes,
même sur sollicitation directe de Connecting Food). La
plupart des données de traçabilité existaient avant le
projet, mais depuis le recours à la blockchain, celles-ci
sont agrégées et rendues infalsifiables. Les informations
relatives à la nourriture des vaches sont extraites au sein
même du SI des fournisseurs avec les quantités livrées
à chaque ferme et, surtout, les certificats de qualité
(sans OGM, etc.). Lorsque passe le camion de collecte
de lait, le chauffeur saisit la quantité prélevée sur une
tablette dotée d’une application dédiée. Enfin, en usine,
chaque contenu de cuve (l’équivalent de 20 000 à 60 000
bouteilles) est ainsi identifié avec un code unique, qui
permet de remonter aux fermes, et jusqu’aux aliments
fournis aux vaches.
La data au cœur de la certification qualité
David Bojczuk, DSI de Ingredia, a eu l’idée d’utiliser la blockchain
pour accroître la traçabilité des produits.
Chaque lot de bouteilles de lait (de 20 000 à 60 000) se
voit attribué un QR Code unique, qui est imprimé dynamiquement sur chacune des bouteilles. Il permet de
retrouver les dates de collecte et de mise en bouteille,
de contrôler les certificats (nourriture sans OGM...) ou
de connaître les fermes d’où provient le lait du lot. Ni
Prospérité Fermière/Ingredia ni Connecting Food n’ont
voulu préciser le modèle économique de la solution et le
coût du projet. Il s’agit, il est vrai, d’une expérimentation
sur environ le dixième du lait traité par la coopérative.
Quand le consommateur pourra tracer
tous les ingrédients d’un biscuit…
L’enjeu, demain, sera de généraliser la technologie aux
dérivés du lait incorporés dans d’autres produits par
des industriels. Connecting Food travaille évidemment
sur la traçabilité d’ingrédients tels que le blé ou le sucre.
L’acheteur d’un paquet de biscuits pourra normalement,
à terme, tracer via blockchain la totalité de la recette du
biscuit : le beurre, le sucre, la farine, etc. Mais aucune
filière complète ne pourra jamais utiliser qu’un seul
prestataire. C’est la raison pour laquelle Connecting Food
a développé des API pour garantir l’interopérabilité de sa
technologie avec celle d’autres acteurs. Ingredia a déclaré
que des annonces devraient avoir lieu début décembre
sur l’extension de ses projets à base de blockchain.
La certification repose sur du contrôle de cohérence non
seulement à un instant t mais aussi dans le temps. Deux
fermes avec un même nombre de vaches ne peuvent
pas avoir une trop forte variation de production de lait.
Avec une certaine quantité de nourriture, on alimente
un nombre déterminé de vaches. De la même façon, la
certification opérée du confort des animaux est contrôlée ponctuellement mais attribuée pour une durée
déterminée. Le contrôle « temps réel » est
en fait un contrôle sur la cohérence des
COMMUNICATIONS
données, via des algorithmes d’intelligence
UNIFIÉES, IoT
artificielle qui remontent des alertes. Ces
ET BLOCKCHAIN
alertes peuvent déboucher sur un déLivre Blanc
classement de la qualité du lait concerné.
Si la fraude est rarissime, il peut arriver des erreurs et des négligences. Julie
Lemahieu a confirmé : « Oui, nous avons
pu détecter avec cette solution des incibit.ly/2qvaIWL
dents liés à des certificats obsolètes. Le lot
Sponsorisé
par Mitel
de lait a alors été redirigé vers une filière
moins qualitative. »
28 / Décembre 2019