LMi-MAG14 juillet - Flipbook - Page 17
VP : Au niveau des infrastructures, nous nous sommes
attaqués à deux grands défis. D’abord, nous avons souhaité réduire le nombre de nos datacenters, pour des
raisons à la fois économiques et de développement durable. Cette démarche a demandé deux ans de préparation. En avril 2021, nous avons achevé une première
opération sensible de consolidation sur notre site de
Tours, où nous avons rapatrié les environnements de
production qui étaient sur notre datacenter de Lyon.
Ensuite, en cible avant l’été 2022, nous concentrons nos
environnements de travail (développement de projets,
qualification...) sur le site de Lyon. Ainsi, les environnements complets de production sont à Tours et ceux
de travail à Lyon. Nous avons également un troisième
datacenter de secours sur un autre site, pour garantir
un rétablissement des applications en deux à six heures
ouvrées sans aucune perte de données. Nous gérons des
données sensibles avec de gros volumes, il est donc essentiel d’avoir une infrastructure de secours.
Le second défi était de mutualiser l’ensemble des infrastructures régionales. Cela représente un important
chantier de transformation. Nous avons mis en place la
V1 d’un cloud privé en interne, afin de pouvoir proposer
différents services en fonction des usages. Nous mettons
à disposition l’ensemble des services à travers un catalogue et des workflows, pour les délivrer aux équipes de
la fonction SI au niveau national et régional. Ce cloud
nous apporte aussi un haut niveau d’industrialisation et
d’automatisation sur l’ensemble des environnements.
Nous pouvons ainsi donner plus d’autonomie aux collaborateurs de la DSI. Le cloud nous permet également
d’avoir des indicateurs pour mesurer la consommation
des ressources, ce qui nous aide à affiner notre modèle
de coûts. Enfin, il fournit un haut niveau de sécurité,
conforme aux exigences réglementaires.
Parmi les gros chantiers menés par la Cnav
figure la mise en place du RGCU. Pouvez-vous
nous présenter ce projet et nous expliquer
son déroulement ?
VP : Le RGCU est notre plus grand référentiel, instau-
ré par la loi du 9 novembre 2010, qui a confié à la Cnav
sa réalisation, sa construction, son hébergement et son
exploitation. Sa cible est de contenir l’ensemble des carrières et d’être alimenté par l’ensemble des régimes de
base, mais aussi les régimes complémentaires, ajoutés
en 2014. Les données viennent de la DSN. Le but est la
mutualisation de ces données, en vue de remplacer 42
bases par une seule. Il s’agit d’avoir la vision la plus complète et détaillée de la carrière de chaque assuré, depuis
le premier emploi jusqu’à la retraite.
Nous avons travaillé le modèle de données pour avoir
toutes les informations qui permettent de déterminer
toutes les règles applicables. Chaque régime pourra y
avoir accès. Cela a représenté un énorme défi de structurer les données et de centraliser l’ensemble des flux,
avec des problématiques d’alimentation et de restitution
des données. Sur ce référentiel, nous avons aussi une
approche d’amélioration continue et des enjeux d’intégrité des données, même si sur ce point nous partageons
la responsabilité avec les autres régimes.
Nous travaillons dessus depuis 2010 et le RGCU est en
production depuis le 1er juillet 2019. Le premier régime
à basculer, en mode pilote, a été celui des employés et
clercs de notaire, puis nous avons migré l’ensemble des
données du régime général (SNGC) en mai 2020, soit six
milliards de données, en plein confinement, sans aucune
intervention physique. Cela a été un vrai exploit, réalisé
par des équipes entièrement à distance. Ensuite, en mai
2021, nous avons migré les données de l’Agirc-Arrco,
puis fin 2021 celles de la MSA (Mutualité sociale agricole).
Début 2022 s’y sont ajoutées les données des travailleurs indépendants. Il nous reste encore plusieurs petits
régimes à migrer, avec un plan de migration étalé sur
plusieurs années. Nous avons également un chantier de
stabilisation en cours sur la performance et la restitution
des données.
Ce projet a représenté 220 000 jours-hommes. Sur
toutes les étapes, nous nous sommes fait accompagner
par des prestataires. L’Agirc-Arrco est également intervenu, avec un rôle d’opérateur de qualification. La direction du pilotage est à la Cnav, et nous avons des comités
de pilotage avec la DSS qui suit le sujet de très près. Le
ROI d’un tel projet, qui a coûté 220 millions d’euros,
n’est pas immédiatement perceptible, mais celui-ci représente une mine d’or de données pour le futur, avec
des perspectives de croisements avec d’autres bases très
prometteuses, par exemple pour lutter contre le nonrecours ou la fraude.
Vous avez travaillé avec le GIP MDS
(modernisation des déclarations sociales)
sur plusieurs sujets, dont la mise en place
de la DSN (déclaration sociale nominative).
Quel est votre rôle à ce niveau ?
VP : Nous travaillons pour deux GIP, le GIP Union retraite et le GIP MDS. Sur les travaux opérés avec ce dernier GIP, nous travaillions sur les DADS, mais avec le
remplacement par la DSN, le GIP MDS assure la maîtrise
d’ouvrage. Il est également chargé de la relation avec les
déclarants. La Cnav intervient comme opérateur
17