LMi-MAG14 juillet - Flipbook - Page 18
© Bruno Levy
ENTRETIEN
Véronique PUCHE
DSI de la Caisse nationale d'assurance vieillesse
pour réaliser le cahier technique de la norme. Nous
fournissons au bloc 1 opéré par l’Urssaf caisse nationale un module de contrôle des DSN, et nous réalisons,
hébergeons et exploitons le bloc 3, qui stocke les DSN,
contrôle les NIR (numéros d’inscription au répertoire
Insee, qui sont les numéros de sécurité sociale) et redistribue l’ensemble des données à l’ensemble des régimes
de base obligatoires. Nous-mêmes sommes aussi destinataires de ces informations en tant qu’organisme de
protection sociale. En janvier 2023, il est prévu d’intégrer
les DSN de la fonction publique.
Un autre chantier important concerne
le dispositif de ressources mensuelles (DRM).
Pouvez-vous nous le présenter ?
VP : Le DRM contient lui aussi beaucoup de données.
Il permet de réunir dans une seule base l’ensemble des
données de prestations et d’avoir l’ensemble des revenus
en un seul endroit. Il a été mis en place en septembre
2019, à l’occasion du projet de réforme des aides au logement. La CNAF et la MSA sont les premiers clients, mais
nous l’étendons. C’est une brique clef, qui a permis par
exemple de verser en trois mois les indemnités d’inflation
pour les retraités sans resolliciter les assurés.
Le DRM est alimenté par la DSN et les flux Pasrau (prélèvement à la source sur les revenus autres) mis en place
avec le prélèvement à la source. Nous travaillons aussi
avec la direction des impôts. C’est la première fois que
nous croisons des données sociales et fiscales, c’est une
forme de barrière qui tombe.
Mener de tels projets à bien suppose un certain
nombre de prérequis, à la fois techniques
et organisationnels. Comment abordez-vous
ces aspects ?
VP : La Cnav gère aujourd’hui plus de 12 milliards d’éléments de ressources et 6 milliards d’éléments de carrière. Nous avons une stratégie big data afin d’avoir des
infrastructures qui peuvent accueillir de tels volumes.
En 2018, nous avons redéfini notre socle technique et en
2019 nous avons mis en place une plateforme big data
Hadoop, dont la première alimentation a eu lieu en 2021.
Nous allons bientôt faire le bilan de cette première phase
et préparer le schéma directeur sur ces sujets.
18 / juillet / août 2022
« Selon les projets, nous pouvons être un organisme contributeur,
utilisateur ou opérateur », Véronique Puche, DSI de la Caisse
nationale d'assurance vieillesse.
De tels projets nécessitent aussi un certain nombre de
révolutions. La première concerne l’organisation et les
ressources humaines. Nous avons mis en place une entité dédiée au sein de la DSI, avec une soixantaine de personnes qui disposent de nouvelles expertises sur la data,
comme des urbanistes, des architectes et développeurs
spécialisés. Une autre révolution porte sur la gouvernance, avec un chantier à la fois en interne et au niveau
interbranches, afin de garantir la bonne compréhension
et le bon usage des données.
Quels sont les premiers usages de ces données,
notamment au sein de la Cnav ?
VP : Les premiers clients qui ont une appétence forte
pour ces données, ce sont les services de statistiques,
comme notre direction statistiques et prospective, mais
nous voulons élargir les usages à l’ensemble des directions métiers, notamment sur la performance, en leur
offrant des tableaux de bord et des outils d’aide à la décision, par exemple pour la lutte contre la fraude et le
non-recours. Nous voulons aussi étudier de nouveaux
usages d’exploration et d’exploitation des données, en
utilisant de l’intelligence artificielle pour prédire le
comportement des assurés, afin d’avoir une offre de
services la plus précise possible.
Vous gérez des données très sensibles.
Quelles sont les grandes lignes
de votre politique de cybersécurité ?
VP : Sur la sécurité des données, nous avons mis en
place un système d’information avec plusieurs niveaux de
contrôle et des dispositifs pour assurer la fiabilité. Nous