LMi-MAG15 sept - Flipbook - Page 14
ENTRETIEN
Aliette MOUSNIER-LOMPRÉ
directrice générale d'Orange Business Services
« L'ÉCOSYSTÈME DIGITAL
MONDIAL EST DE PLUS
EN PLUS FRAGMENTÉ »
Aliette Mousnier-Lompré, directrice générale d’Orange Business Services, a pris
ses fonctions en mai 2022 après un intérim commencé en janvier dernier à la suite
du départ d’Helmut Reisinger. L’occasion d’aborder les impacts des crises géopolitiques
sur la stratégie d’entreprise et de revenir sur les projets clients du moment.
Propos recueillis par Dominique Filippone
Alliette Mousnier-Lompré, vous avez été
confirmée à la direction générale d’Orange
Business services (OBS) en mai, après une
période d'intérim commencé en janvier 2022.
Entre-temps, le monde a été frappé par
la guerre en Ukraine, la crise inflationniste,
la pénurie de composants qui se poursuit
et entrave la supply chain de nombreux acteurs
tech et industriels, sans compter la pandémie
Covid qui fait son yoyo. Dans quel état d'esprit
êtes-vous et comment se porte OBS ?
Aliette Mousnier-Lompré : Je suis dans un état d’es-
prit conquérant. Orange Business Services est dans une
situation un peu paradoxale. On a un marché du BtoB avec
une transformation digitale des entreprises qui n’a jamais
été aussi intense, accélérée par la crise Covid. Donc il y a
énormément de demandes sur le marché, on a beaucoup
de clients qui viennent nous voir, qui ont besoin de nos
produits, de nos services. Et en même temps, cette situation est paradoxale. Comme vous le décriviez, on est
dans un contexte qui est extrêmement volatil, incertain,
compliqué, avec une situation géopolitique complexe,
qui a impacté les supply chain mondiales. On a beaucoup
d’inflation et on a aussi une très forte transformation des
usages de nos clients. Pour vous donner un exemple, on
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a vendu pendant des années ou des décennies de la téléphonie fixe à nos clients. Mais de plus en plus dans les entreprises, on remplace tous les téléphones fixes vers des
solutions de collaboration sur des PC avec du Teams,
du Zoom ou du Webex. Nos produits et services doivent
complètement se transformer. On doit s’adapter et cela
impacte assez fortement notre trajectoire de profitabilité.
Jean-Noël Barrot vient d’être nommé ministre
délégué à la Transition numérique et aux
Télécoms. Il a un profil orienté économie
et financement, peut-être atypique pour ce
poste. Est-ce qu'on peut penser finalement que
la mère des batailles est davantage financière
que technologique? Est-ce le cas aussi pour OBS
et les DSI avec qui vous échangez ?
AML : Non, je crois que la mère des batailles, c’est quand
même la question des usages et des besoins et comment on crée grâce à la technologie de la valeur, qui peut
être financière, mais aussi en termes d’usage pour les
utilisateurs. De la valeur aussi sur des questions de transition écologique et sur la vie quotidienne de millions de
gens qui vont travailler dans des bureaux, qui travaillent
de chez eux et qui peuvent avoir accès à des outils numériques ou à des solutions qui rendent leur vie plus facile.