LMi-MAG15 sept - Flipbook - Page 3
ÉDITO
Le mirage NFT
Q
uand le marketing s’empare des nouvelles
technologies, le résultat est souvent hasardeux. Popularisée par les cryptoactifs,
la blockchain est ainsi utilisée dans de
nombreuses activités pour certifier des
produits, des services ou des transactions : Legide avec
les huissiers de Justice, les bijoux du joaillier Courbet ou
encore la Maison Leleu pour garantir l’authenticité de ses
productions. Mais la blockchain est également à l’origine
de la création des NFT (non-fungible token ou certificat
de propriété numérique), des actifs certifiés et prétendument uniques associés à un format numérique banal (doc,
jpeg, MP3 ou MP4). Une salle de spectacle parisienne a
ainsi lancé « une carte de membre éternelle » – 250 unités
avec des avatars différents – au format NFT développée
avec une start-up française. Moyennant la somme de
100 euros, elle est censée donner aux propriétaires certains avantages comme des concerts gratuits, un accès
coupe-file, la gratuité du vestiaire… Et les possesseurs de
ces tokens peuvent bien sûr les revendre aux plus crédules.
Reste que rien ne garantit le caractère éternel de ce service, qui s’apparente en fait à un contrat entre la salle de
spectacle et le détenteur du token. Ce dernier est en outre
assujetti à la viabilité de la plateforme hébergeant les NFT
et assurant la place de marché de ces cryptoactifs. Cette
commercialisation d’un service ou d’une représentation
numérique (texte, tableau, musique ou vidéo) supposée
exclusive – comme les cartes virtuelles de footballeurs –
n’est en fait qu’une licence d’utilisation octroyée par le
fournisseur de NFT, moyennant une rémunération, dans
un cadre bien défini. Et, si l’émetteur disparaît, les NFT
s’évaporent.
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Serge Leblal
Directeur des rédactions
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