LMi-MAG17 avril - Flipbook - Page 55
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mêmes éloignés de cette future obligation qui va vite arriver. C’est d’autant plus urgent pour ces mêmes cabinets
qui prendront en charge ce service de facturation que
leurs clients ne voudront plus gérer eux-mêmes. » Pour
Grégoire Leclercq, la facturation électronique est un choc
comparable à celui de la DSN (déclaration sociale nominative) en son temps, qui a eu pour impact d’externaliser
massivement la paie vers des prestataires externes.
Pour André Brunetière, 50 % des experts-comptables qui
ont atteint une certaine taille anticipent déjà cette réforme
en mettant en place des processus. « Avec cette catégorie
d’experts-comptables plus matures, nous sommes déjà
dans une phase de co-conception. Mais il y a aussi les
50 % restants qui font d’abord du sur-mesure auprès de
leur clientèle et ceux-ci sont plus attentistes, pour ces
cabinets, nous sommes encore dans une approche pédagogique. » L’année 2023 sera donc perçue comme une
étape importante de transition pour tous les acteurs (opérateurs de dématérialisation, éditeurs et revendeurs) afin
de sensibiliser, former et accompagner les entreprises,
les experts-comptables et leurs collaborateurs. « Le rôle
de l’expert-comptable est bien évidemment primordial.
Chez Sage, nous avons mis en place des formations pour
les accompagner et leur donner tous les décryptages de
la réforme. Nous leur proposons d’ailleurs des outils pour
évaluer la conformité. Pour les experts-comptables, c’est
le bon moment de réaliser des audits auprès de leurs
clients d’autant que le périmètre n’est pas le même en
fonction des activités des entreprises », détaille Tristan
de Broucker.
Une chose est sûre, avec la facture électronique, le métier d’expert-comptable va aussi évoluer ou du moins se
transformer vers plus de valeur ajoutée. « Etant donné
que la tenue comptable sera automatisée, son expertise
va davantage se porter vers le contrôle et les conseils
apportés aux clients », affirme Tristan de Broucker.
Les futures plateformes partenaires déjà en nombre
C
omme nous vous le précisions précédemment,
l’entreprise aura le choix d’utiliser la plateforme ou le portail public de facturation (PPF)
de l’Etat, qui sera une émanation de Chorus
Pro, ou bien une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) certifiée par l’Etat pour une durée de trois
ans renouvelables. Le PPF sera une plateforme accessible
gratuitement aux entreprises et proposera de ce fait un
service minimum mais universel de la facture électronique ; ce portail permettra de transmettre, déposer ou
saisir en ligne les factures et bien sûr d’en recevoir. A
l’opposé, une PDP sera payante mais cette plateforme
privée ou commerciale proposera davantage de services
en échange (automatisation, visibilité, gestion de la trésorerie, préparation au paiement/gestion du paiement,
reporting, gestion de la solvabilité, capacité de commande en amont, etc.). « Une trentaine de plateformes
PDP serait en cours d’immatriculation », indique à ce titre
Grégoire Leclercq, directeur général délégué d’EBP. De
son côté, Thomas Honegger, COO de Esker France Benelux et Suisse, estime à terme un nombre de 70 plateformes environ certifiées par l’Etat. Etant donné les flux
colossaux de factures à venir, la plateforme de l’Etat serat-elle, à terme, capable à elle seule de supporter ce niveau
de charge ? Rien n’est moins sûr pour Grégoire Leclercq,
qui évoque un possible désengagement de l’Etat sur certaines catégories d’entreprises. Elles n’auront alors pas
d’autres choix que de se tourner vers une PDP. Ces PDP
serviront en quelque sorte de concentrateurs de flux vers
le portail public de facturation. Une affaire à suivre donc…
Les acteurs de la dématérialisation
en pole position
Quels types d’acteurs proposeront des PDP ? Des éditeurs de solutions de gestion (voir dernière partie), mais
surtout des acteurs de la dématérialisation comme
Docoon, Yooz, Esker ou encore Weexa, qui seront probablement sur la liste des PDP dévoilée en septembre
prochain. Rappelons qu’à l’heure où nous écrivons ces
lignes, aucune plateforme partenaire n’est donc encore
agréée par l’Etat. « Un acteur comme Esker qui opère
sur l’ensemble des flux, fournisseurs et clients, a tout
intérêt à proposer une solution complète pour assurer
la conformité et apporter plus de valeur ajoutée », souligne Thomas Honegger, qui positionne d’ailleurs Esker
comme un ERP du document sans la comptabilité. Et
bien évidemment, la différence entre les plate
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