LMi-MAG20 Dec - Flipbook - Page 24
© Bruno Levy
ENTRETIEN
Marie GEPEL
vice-présidente transformation digitale
chez Technip Energies
commune à ces activités que sont l’hydrogène vert, la capture du carbone et les carburants durables pour l’aviation.
Nous cherchons aussi à partir sur les bons standards :
nous étudions notamment les standards OSDU (un forum
d’entreprises de l’énergie travaillant à des standards de
données ouverts) ou Open Footprint (sur les émissions de
carbone), vers lequel le secteur est en train de converger.
Ces standards de données ou de modèles de données ont
pour objectif de faciliter les travaux en écosystème.
Quel est le bilan de vos efforts sur les activités
historiques de l’entreprise ?
« Nous passons d’activités traditionnelles qui s’apparentent
à de la haute couture, comme le GNL (gaz naturel liqué昀椀é),
à une approche plus modulaire, tendant vers le prêt-à-porter »,
Marie Gepel, vice-présidente transformation digitale
chez Technip Energies.
MG : Nous cherchons à partir de nos processus métier
et à identifier ceux dont la digitalisation apporterait le
plus de valeur. Plusieurs initiatives sont en cours. Citons
e-project sur la digitalisation des processus d’ingénierie
ou Easy Plant pour les processus de construction. S’y
ajoutent des initiatives plus émergentes sur des sujets
d’estimation et de contrôle des coûts. Ces projets sont
lancés en mode agile, pour réaliser des itérations sur la
base des premiers résultats obtenus.
Avec cette approche, sur le projet NFE (North Field East,
soit l’extension d’un champ gazier au Qatar), nous avons
par exemple cherché à optimiser la trajectoire et le chargement des navires acheminant le matériel depuis de multiples endroits dans le monde, dans un contexte de forte
volatilité des coûts du transport. Le Data Office a commencé par lister les contraintes avec lesquelles jonglent
les logisticiens - un travail de trois mois à lui seul ! avant de travailler sur un algorithme de recherche opérationnelle sous contraintes. Notre proof of concept
montre que les trajectoires peuvent être nettement améliorées. Et nous avons développé un outil permettant de
simuler différents scénarii et de modifier en temps réel
les trajectoires. Sur ce projet, nous venons de lancer la
phase de MVP (Minimum Viable Product, qu’on pourrait
aussi qualifier de V1), avec l’ambition d’une mise en production prochainement.
Par ailleurs, Technip Energies vient de remporter un
autre grand projet, NFS (North Field South, une autre
extension du même champ), sur lequel nous comptons
réexploiter les mêmes outils. Car nous travaillons sur une
approche data product, permettant de mutualiser une
solution sur de multiples projets. Dans le cas présent, la
solution pourra d’ailleurs s’appliquer à tous les projets
de construction, pas uniquement aux terminaux gaziers.
24 / décembre 2023 / janvier / février 2024
Concernant les nouvelles activités,
quelle est l’implication du département data
et transformation digitale que vous dirigez ?
Etes-vous embarqués au cœur du produit ou
vous positionnez-vous plutôt en support ?
MG : Même si nous en sommes encore au début de cette
histoire, notre vision consiste à exploiter le numérique
pour contribuer à la « productisation » de nos solutions.
Nous passons d’activités traditionnelles qui s’apparentent à de la haute couture, comme le GNL (gaz naturel
liquéfié), avec une capacité à designer des projets extrêmement complexes et à les livrer clefs en mains, à une
approche plus modulaire, tendant vers le prêt-à-porter.
C’est par exemple le cas pour Canopy (l’offre de capture
du carbone). Nous voulons utiliser la technologie pour
automatiser les processus et aller vers de la prédictibilité, tout en proposant en natif des services numériques comme le digital twin (Technip Energies est sur
ce terrain déjà éditeur d’un logiciel dédié, DPPI) ou de
la maintenance prédictive, opérée par le client ou directement par nos équipes. C’est un catalogue que nous
viendrons enrichir petit à petit, sur la base des solutions
numérique et data que nous mettons au point.
Ce sont des technologies que nous déployons déjà en
interne. Pour notre filiale construisant des bras de chargement pour les navires, nous utilisons ainsi des drones
pour aller inspecter ces équipements qui peuvent être
très hauts, y détecter des points de rouille grâce à la
vision par ordinateur, les qualifier et recommander les
actions correctrices. Dans le même esprit, avec notre
activité de robotique à Marseille, nous avons déployé
un système similaire de pilotage d’activités de maintenance sur la base d’analyse d’images.