LMi-MAG21 avril - Flipbook - Page 36
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Intelligence arti昀椀cielle
sont cette fois des spectrogrammes réalisés à partir
des enregistrements sonores de chantier.
Une IA qui fait du bruit
Ensuite, un réseau de neurones permet de les classifier
et de les comparer à une base sonore existante. « La
machine source du bruit est identifiée en temps réel par
du deep learning supervisé, entraîné avec 3 000 enregistrements audio, poursuit Raphaël Leclercq. Mais il
n’existe pas de base de données de bruits de chantier.
Ce sont tout simplement nos équipes qui ont enregistré
les sons de référence des équipements sur le terrain. En
combinant spectrogrammes et expertise des acousticiens, l’algorithme a appris, par exemple, à discriminer
une machine à impact d’un équipement émettant un
bruit rémanent. » Pour l’instant, l’IA classifie et identifie
en temps réel la source, mais ne donne pas encore de
préconisation d’actions correctives. Raphaël Leclercq a
déjà tiré quelques leçons de ces deux premiers projets.
Il veut ainsi désormais tester ses algorithmes avant la fin
des projets. Au bout de six mois plutôt que deux ans, par
exemple, afin de disposer de premiers retours d’usage et
d’adapter les algorithmes au fur et à mesure.
Une indispensable porosité entre IT
et métiers...
Socotec emploie 8 000 personnes en France dont
5 000 ingénieurs, avec un cursus moyen élevé. Un
paramètre important dans cette stratégie data et IA
de l’entreprise. « La forte expertise intrinsèque de nos
métiers place forcément le centre de gravité de l’IA près
de ceux-ci, le directeur data de l’entreprise. Il est plus
complexe pour un data scientist de s’occuper de la vérification de la stabilité d’un pont que du bon emplacement
d’une bannière de publicité Web. »
SOCOTEC EN CHIFFRES
Activité : test, inspection, certi昀椀cation
dans l’industrie, le BTP et l’infrastructure.
Siège : Guyancourt (Yvelines).
Effectifs : 12 000 employés.
CA 2022 : 1,2 Md€.
International : 26 pays dont 6 grandes plateformes
(Pays-Bas, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne,
Italie, Espagne).
60 acquisitions durant les 6 dernières années.
36 / mars / avril / mai 2024
« Même si vous placez dans une même équipe un jeune
ingénieur tech et un expert en génie civil, ils ne vont
pas se comprendre, poursuit-il. La réponse se matérialise d’abord sous la forme du data et IA hub, interface
entre le SI et l’opérationnel, mais aussi dans la sélection
de profils que nous qualifions de AI+X, le X signifiant
expert métier. Des personnes avec une double culture,
des traits d’union entre les deux mondes. » Le directeur
data de Socotec mise beaucoup sur ce type de compétences, même si elles restent difficiles à trouver. « Mais
l’IA est déjà entrée dans le programme d’enseignement
de la physique, comme à l’ENS Saclay », rappelle-t-il. Il
est d’ailleurs lui-même professeur d’IA dans l’établissement. Et ce sera bientôt le cas dans le génie civil. Sans
compter que de nombreux employés des métiers ont
envie de se reconvertir. Un membre de l’équipe data et
IA vient, par exemple, du projet Iter. Socotec déploie des
programmes internes de reconversion à l’IA et réfléchit à
une data school sur l’exemple de celle créée chez Mazars.
... jusqu’au cœur des algorithmes
La réussite du hub passe par une extrême porosité avec
le reste de l’entreprise, selon Raphaël Leclercq. Or,
cette proximité s’infiltre jusqu’au cœur de l’IA proprement dite. Dans le choix et la typologie des algorithmes.
« Certaines technologies permettent d’hybrider ces
derniers avec des modèles physiques pour de la simulation de structure, par exemple, poursuit le directeur
data. Dans ce cas, il s’agit davantage de métamodèles et
de réseaux de neurones. » Pour Raphaël Leclercq, cela
démontre encore davantage que rien n’est plus important que d’acculturer les équipes à l’IA. « Justement parce
qu’elle est intangible, mais qu’en revanche, rien n’est
plus concret que construire un pont ! »
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