MOCI Avril 2022 - n°2093 - Magazine - Page 12
innovations anti-criseS
Les promesses de l’hydrogène dans le transport lourd
Airbus croit dur comme fer à l’avion à hydrogène.
L’avionneur vient ainsi de passer un accord
avec Safran et General Electric pour tester dès
2026 un système de propulsion à l’hydrogène
liquide sur un A380, préfigurant l’avion à hydrogène
du futur. « La généralisation de l’avion à hydrogène
ne se fera pas avant 2035 », nuance néanmoins
Valérie Bouillon-Delporte, vice-présidente
de l’association France Hydrogène.
« Dans l’aérien, l’hydrogène a une carte à jouer,
même si les biocarburants émergent. L’avion
à hydrogène en 2035, c’est possible
mais cela demandera beaucoup de travail dans
le développement de technologie de sécurité »,
ajoute Clément Le Roy, associé au cabinet conseil
Wavestone, en charge du secteur de l’énergie.
En attendant, l’hydrogène pourrait bien prendre
sa part dans le transport maritime. En créant
l’Institut pour la transition écologique et
énergétique dans le maritime (T2M), l’État mise
notamment sur le bateau à hydrogène. Destiné
à travailler sur le déploiement de navires concepts
embarquant des énergies décarbonées et des
technologies alternatives, cet institut coordonnera
les centres et instituts de recherche existants,
« avec l’objectif de sortir d’ici à 2030-2035 neuf
navires concepts », selon Frédéric Moncany de
Saint-Aignan, président du Cluster maritime français.
Or, l’un de ces navires zéro émission dont le
développement sera accompagné par le nouvel
Institut, n’est autre que l’Energy Observer, le premier
bateau cargo à fonctionner à l’hydrogène, relayé
par une assistance vélique. La startup Energy
Observer a récemment présenté son prototype
Energy Observer 2, propulsé par des batteries
électriques grâce à l’hydrogène liquide, relayé par
la voile quand le vent le permet. Développé d’ici
à 2025 avec de nombreux partenaires industriels
dont CMA CGM en tant qu’affréteur et armateur,
ce nouveau concept de cargo zéro émission pourra
transporter 5 000 tonnes de marchandises
ou 240 conteneurs EVP.
« Dans le transport maritime, l’hydrogène fera
partie à l’avenir d’un mix énergétique, avec d’autres
technologies émergentes », souligne Clément
Le Roy. En attendant, « l’hydrogène devrait prendre
de l’ampleur dans l’écosystème portuaire pour
être utilisé à partir de 2025 par les camions,
chariots élévateurs, nacelles et autres engins de
manutention », prévoit Valérie Bouillon-Delporte.
Site du Cluster maritime français
cutt.ly/QSEwtSZ
© istock
Eastern Pacific shipping, des contrats d’affrètement à long terme pour 11 porte-conteneurs
au GNL.
En revanche, Maersk mise plutôt sur le
méthane de synthèse, émettant zéro carbone,
pour propulser ses futurs cargos. Le géant
danois a récemment passé commande de huit
nouveaux porte-conteneurs d’une capacité de
16 000 EVP chacun, livrables à partir de 2024
et capables de carburer avec du bio-méthanol
ou de l’e-méthanol.
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LE MOCI N° 2093 - avril 2022
Fret aérien : émergence des carburants
« durables »
Dans le fret aérien, alors que l’ensemble du secteur s’est engagé à réduire de 50 % ses émissions d’ici 2050, les carburants alternatifs ne
sont pas encore aussi variés que dans le maritime et la création d’infrastructure de production à grande échelle n’en est qu’à ses débuts.
Mais émerge le carburant d’aviation durable
ou SAF (Sustainable Aviation Fuel) qui consiste
à mélanger au kérozène de l’huile usagée de
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