MOCI Avril 2022 - n°2093 - Magazine - Page 9
prêt à encaisser le surcoût de cette décarbonation en raison des taux de fret qui atteignent
déjà des sommets. Quant à la propulsion
vélique à 100 % des navires marchands, je
n’y crois pas beaucoup sur les grandes lignes
soumises aux aléas et contraintes climatiques.
Plus lents et d’une capacité d’emport bien plus
restreinte que les navires conventionnels, les
cargos à voile sont plutôt des solutions viables
sur de petites lignes interrégionales.
Et votre sentiment sur les
biocarburants dans l’aérien ?
Anne-Sophie Fribourg. Le carburant d’aviation durable (ou saf) à base d’huile usagée de
cuisson ou de matière organique mélangée
au kérosène est une solution d’avenir, mais il
n’en est qu’à ses balbutiements avec une filière
encore sous dimensionnée. Aujourd’hui, les
acteurs du fret aérien en ont déjà consommé
la totalité.
Il faut dire que le saf représente moins de 0,1 %
de la consommation mondiale de carburant
d’aviation. L’offre est donc très insuffisante et
les prix encore trop élevés. Pour développer
son usage, la Commission européenne prévoit
des obligations graduelles d’incorporation de
saf dans le carburant d’aviation, allant de 2 %
en 2025, 5 % en 2030 et 63 % en 2050.
Quel rôle jouera la digitalisation
dans le transport de demain ?
Anne-Sophie Fribourg. Elle va être prépondérante pour accroître son efficacité. Grâce à la
masse de données que les acteurs du transport pourront recueillir, la digitalisation permettra notamment de fluidifier le passage portuaire des marchandises, d’avoir une visibilité
en temps réel sur le déroulement du transport
et de prédire, donc d’anticiper, les problèmes
en tenant compte de la météo ou des inconvénients géopolitiques.
On va vers des technologies digitales qui vont
de plus en plus assister l’homme. Mais l’humain
restera au cœur de la transformation du transport international. g
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Fribourg
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