MOCI DÉCEMBRE 2021-n°2090-2091 - Magazine - Page 10
ATlas 2022 des risques pays
Prendre des risques, c’est bien,
les maîtriser, c’est mieux
Bien évidemment, vendre à l’international, c’est
avoir de l’appétit et du goût pour le risque. Quand
on vend en France, on s’ennuie, en revanche, à
l’export, une multitude de risques à gérer rend
l’exercice autrement plus passionnant. La gestion des risques est l’un des « aphrodisiaques »
de l’international.
Mais encore une fois, prendre des risques,
c’est bien, les maîtriser, c’est encore mieux.
Hélas, on constate que de nombreuses entreprises continuent de travailler sans filet sur des
pays risqués, sous le sacro-saint prétexte du
client historique, celui qui ne nous « plantera
jamais ».
On ne le répétera jamais assez : malgré toutes
les révolutions et guerres civiles qui ont émaillé le monde depuis plusieurs années, malgré
les articles et prises de position plus ou moins
alarmistes de certains experts et assureurs, de
nombreux exportateurs continuent de travailler
sur des pays à risque élevé, sans aucune sécurisation, tablant sur la (prétendue) renommée
de leur client ou l’ancienneté de leurs relations
commerciales, et cumulant les retards de paiement.
Pour nombre d’entre eux, cela ne leur sert
manifestement pas de leçon, puisqu’en dépit
des avertissements de leurs services comptables et des avis négatifs des assureurs-crédit,
ils continuent de vendre sous la pression et les
promesses de leurs acheteurs… Ces dernières
années, nous avons encore constaté dans certaines entreprises des retards de paiement de
plusieurs mois, voire plusieurs années dans
quelques cas, dans des pays comme l’Égypte, le
Maroc, l’Algérie, le Venezuela, la Russie, la Chine,
l’Irak. Une situation qui se passe de commentaire, on les avait prévenus !
Cette année, plus près de nous en Europe,
avec les mesures de confinement liées à la crise
sanitaire, de nombreuses entreprises ont évité
la faillite grâce aux aides financières et fiscales
massives des États. Ces aides vont prendre fin
un jour. L’assureur-crédit Euler Hermes, dans
une étude publiée le 6 octobre 2021, a prévu
que la fin de ces mesures d’urgence entraînera un rebond de 15 % des défaillances d’entreprises pour l’année 2022 au niveau mondial.
Dans son précédent rapport, l’assureur-crédit avait mis en garde contre les crises de trésorerie qui attendent un certain nombre d’en10
LE MOCI N° 2090-2091 - décembre 2021
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33 des pays les plus pauvres
sur 46 sont sur le continent
africain.
treprises dans les secteurs les plus touchés
par la pandémie comme le textile-habillement,
le commerce non essentiel, les services et fournisseurs de l’automobile, l’hôtellerie-restauration, les services de transport. Une entreprise
sur quatre en Allemagne est concernée, une sur
cinq en Belgique et aux Pays-Bas… Les délais
de paiement ne sont pas près de raccourcir.
Plus loin de l’Europe, le continent africain
pose lui aussi quelques problèmes. Le dernier
classement de l’ONU souligne que parmi les
plus pauvres (appelés également PMA, pays
les moins avancés), 33 pays sur 46 sont sur le
continent africain. Certains sont bien connus
de nos commerciaux : Bénin, Djibouti, Ethiopie,
Madagascar, Niger, RDC, Sénégal, etc.
Contrairement à ce que l’on pense encore
trop souvent, le relationnel avec notre client
ne résoudra pas tous les problèmes que l’on
pourra rencontrer si la situation économique
ou politique du pays est fortement dégradée
ou encore si l’opération commerciale se révèle
infructueuse à la suite d’une mauvaise rédaction
des conditions financières du contrat, condi-
RISQUE DE NON TRANSFERT MAXIMUM 7/7
Afghanistan
Argentine
Burundi
Rép. centrafricaine
Comores
Rép. dém. du Congo
Congo (Rép. du)
Cuba
Djibouti
Guinée équatoriale
Érythrée
Gambie
Guinée
Guinée-Bissau
Haïti
Iran
Corée du Nord
Liban
Liberia
Libye
Malawi
Mali
Mongolie
Mozambique
Niger
Palestine
Somalie
Soudan du Sud
Soudan
Syrie
Tadjikistan
Venezuela
Yemen
Zambie
Zimbabwe
Source : Credendo, 20 octobre 2021
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