MOCI DÉCEMBRE 2021-n°2090-2091 - Magazine - Page 11
tions trop souvent imposées par l’acheteur
et non négociées, par incompétence ou par
laxisme.
Risque commercial : prudence
sur les retards de paiement
On le verra dans nos différentes fiches, les
délais réels de paiement se sont allongés dans
une majorité de pays. Compte tenu de la date
à laquelle nous avons révisé ces fiches, nous
avons pu, au moins pour l’Union européenne,
avoir un aperçu de l’impact de la Covid-19 après
plus de 18 mois de pandémie. Nous avons pu
également, quand l’information était disponible,
indiquer le délai moyen réel de paiement, sous
le sigle DSO (Days sales outstanding).
Euler Hermes, dans sa pertinente étude sur
l’évolution du BFR au niveau mondial pour l’année 2020, publiée en juillet 2021, confirme ses
prévisions de dégradation de 2 jours du DSO
pour l’année 2020. L’assureur-crédit présente
dans cette étude un graphique montant les disparités pour l’année 2020, allant de 37 jours en
moyenne pour la Nouvelle Zélande à 94 jours
pour la Chine...
Nouvelle source d’inquiétude : l’explosion
des défaillances en 2022
Ceci nous amène à notre dernier constat,
concernant plus précisément les défaillances
d’entreprises. Globalement, les nouvelles ne
sont pas très bonnes. Tous les prestataires sont
plutôt pessimistes avec, pour l’année 2022, une
véritable hécatombe attendue dans certains
pays : États Unis, Chine, Royaume-Uni, Australie,
Brésil, Turquie, etc.
Compte tenu des difficultés de récupération
des créances dans une majorité de pays, la plus
grande prudence s’impose.
À ces sources d’inquiétude liées à la conjoncture, s’ajoutent les nombreux facteurs de fragilité touchant les entreprises, et plus particulièrement les PME, quel que soit le pays analysé :
la faible capitalisation des entreprises
(dans de nombreux pays, le minimum de capital
requis est réduit à sa plus simple expression) ;
le rationnement du crédit bancaire court
terme ainsi que le non-accès aux outils de
financement du commerce international ;
le rapport de force économique dans
certains secteurs d’activité (les grands donneurs d’ordres sont souvent les plus mauvais
payeurs) ;
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l’utilisation d’effets de commerce dans certains pays (la France, au hasard…) ;
l’importance de l’État dans les échanges
économiques (en dépit de textes réglementaires en théorie rigoureux, l’administration
figure en tête des mauvais payeurs dans la
majorité des pays) ;
dans de nombreux pays émergents et en
développement, le poids de l’économie informelle, avec l’impact négatif que cela aura dans la
qualité des informations financières disponibles.
À ces obstacles, l’ICC, dès l’édition 2017 de
son rapport annuel sur les financements internationaux Rethinking Trade & Finance, rajoutait
des contraintes qui préoccupent également les
grands groupes :
exigences croissantes de conformité (respect des règles de « compliance ») ;
augmentation des contraintes réglementaires dans une majorité de pays, et hausse des
mesures protectionnistes.
Selon l’ICC, l’utilisation du crédit documentaire, l’un des moyens de paiement internationaux les plus sécurisés dans le commerce BtoB,
continue à se réduire. La conséquence directe
de cette évolution est une augmentation des
opérations en « open account », c’est-à-dire
« à découvert » (80 % des transactions dans
certains pays). Cette tendance est inquiétante
et incite à la plus grande rigueur dans le choix
du mode de sécurisation des paiements, car
hors Europe, les chances de recouvrement
d’une créance impayée sont très faibles. Plus
que jamais, le laxisme et l’inconscience sont
à bannir. Heureusement, de nombreux exportateurs ont été échaudés et, sur le terrain, on
constate une hausse des paiements d’avance
et/ou offshore.
Pour conclure, rappelons si besoin est, cette
sentence de Burt Edwards, en exergue au
« Credit management handbook, Gower, 2004 » :
« Exporting is expensive, so manage the
expenses. »
Hors Europe, les chances de
recouvrement d’une créance
impayée sont très faibles.
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