MOCI DÉCEMBRE 2021-n°2090-2091 - Magazine - Page 5
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n n’en tenait guère plus compte que
pour les pays pour lesquels on devait
impérativement se faire vacciner contre
des fléaux tels que la fièvre jaune ou le choléra
avant de partir… Mais la Covid-19, pandémie
liée au nouveau coronavirus SARS-CoV-2,
nous a brutalement rappelés à l’ordre. Nous
n’avions encore rien vu.
L’année 2021 a vu exploser le risque logistique, que nous pensions maîtriser plus ou
moins bien. En mars 2021, l’échouage de l’Ever
Given dans le canal de Suez nous a rappelé
brutalement à l’ordre : 422 navires, chargés de
26 millions de tonnes de marchandises ont été
bloqués pendant plusieurs jours.
Ensuite, avec la pandémie, plusieurs ports
ont été fermés entraînant une chute brutale du
transport maritime. Avec la forte reprise de la
demande mondiale en 2021, les grands ports
se sont retrouvés engorgés et une pénurie de
conteneurs s’est fait jour. Les prix du fret ont
flambé partout. Cerise sur le gâteau, ces derniers mois, les fermetures d’usines se sont
multipliées en Asie, où les taux de vaccination
sont faibles, en raison de la déferlante de la
nouvelle vague pandémique provoquée par le
variant delta du coronavirus… Et les pénuries
d’électricité, en Chine récemment, se sont invitées au bal des catastrophes.
Enfin, pour couronner le tout, Coface, dans
une pertinente étude (Nouvelle vague de mouvements sociaux post-pandémie : le commerce
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international en victime collatérale, septembre
2021) a tiré la sonnette d’alarme sur la brutale
augmentation du risque social dans les pays
émergents. Selon l’assureur-crédit, 88 % des
pays émergents ont vu leur niveau de risque
associé aux pressions sociales augmenter
(Malaisie, Inde, Thaïlande, Philippines, Algérie,
Tunisie, etc.), la zone Asie étant la plus touchée.
Le risque pays, globalement, apparaît encore
plus élevé et les exportateurs se doivent d’être
plus que jamais en alerte. De notre point de
vue, tous les clignotants sont au rouge, et
à l’heure où nous bouclons ce guide, nous
n’avons aucune visibilité sur la sortie de cette
crise. Pour reprendre un bon mot d’un joueur
de baseball américain, Casey Stengel, « Never
make predictions, especially about the future. »
L’impact de cette pandémie sur les risques de
crédit reste sans fin :
risques économiques avec l’explosion des
retards de paiement et la montée des risque de
défaillance d’entreprises ;
transactions bancaires et prestations d’assurance-crédit plus rares et plus onéreuses ;
risque d’instabilité sociale, d’où montée
encore plus préoccupante des populismes ;
risques logistiques avec tous les problèmes liés aux incertitudes des transports ;
risques divers liés au ralentissement du
commerce international ;
etc.
À cela s’ajoute le fait que quasiment aucun
pays au monde n’est épargné : même en
Europe, en ce début d’hiver 2021-2022, malgré des taux de vaccination contre le coronavirus élevés, une cinquième vague pandémique
venue des pays du nord et de l’Est moins vaccinés menace la reprise. Alors que les États-Unis
ont rouvert leurs frontières aux Européens vaccinés le 7 novembre seulement, la Chine reste
fermée. Les restrictions sanitaires peuvent à
tout moment être durcies.
Bien sûr, les entreprises ont appris à travailler à distance, elles sont prêtes à affronter une
nouvelle vague. Mais dans de nombreux pays,
un contact virtuel, via des applications comme
Zoom par exemple, ne remplacera jamais l’efficacité d’un face to face en présentiel.
Rajoutons les risques que nous connaissions déjà avant l’arrivée de ce coronavirus et
le tableau n’en sera que plus noir. Rappelons-en
quelques-uns :
difficultés liées au Brexit, dues au manque
de préparation de la Grande-Bretagne ;
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