MOCI DÉCEMBRE 2021-n°2090-2091 - Magazine - Page 7
« printemps arabes » déclenchés en décembre
2010, dont on ne voit pas toujours pas la fin, se
sont révélés d’interminables hivers rigoureux, au
vu des turbulences et violences politiques qui
frappent le Proche et Moyen-Orient. On constate
la persistance d’un cocktail explosif : corruption,
chômage, répression, misère sociale, montée
du radicalisme religieux… Libye, Syrie, Liban en
sont des exemples poignants. Et dans un pays
plus stable comme l’Algérie, les manifestations
du « hirak » ont tout de même abouti au départ
de l’ancien président Bouteflika.
On peut également citer la longue période de
tensions politiques et sociales que traverse
Hong Kong, hub du commerce mondial avec la
Chine, face au resserrement de la mainmise de
la République populaire de Chine sur le système
politique de cette province très spéciale.
Plus près de nous, en Europe, le choc du
« Brexit », ou plutôt sa tragi-comédie, est loin de
s’atténuer. Comme évoqué plus haut, le feuilleton se prolonge en raison de l’imprévision dont
on fait preuve les autorités britanniques… Dans
la foulée du référendum britannique de 2016,
dans le contexte de la crise des migrants, le
populisme a progressé dans plusieurs pays de
l’Union européenne, avec son corollaire, le protectionnisme.
Déjà début février 2017, l’assureur-crédit
italien Sace estimait que les dix secteurs les
plus concernés par le protectionnisme représentaient près de 41 % du commerce mondial
(données recueillies à fin novembre 2016). Avec,
sans surprise, dans le trio de tête des pays les
moins ouverts, les États-Unis, puis l’Inde et la
Russie.
Quant au populisme, fin mars 2017, la Coface
en soulignait la montée en puissance dans
les pays avancés. Les exemples les plus marquants ont bien évidemment été les États-Unis
– encore eux – avec l’élection de Donald Trump
Tous les indicateurs
sont au rouge, et plus
particulièrement pour
le risque politique.
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fin 2016, le Royaume-Uni et, bien sûr, la France
et plus récemment l’Italie.
Début avril 2019, le cabinet international
de courtage AON avait publié comme chaque
année sa très pertinente carte des risques politiques, confirmant la montée des populismes
dans le monde, rajoutant aux pays évoqués
plus haut, le Brésil, avec l’élection de Bolsanero, le Mexique, et en remettant une couche
pour la France avec le mouvement des « gilets
jaunes ». L’étude souligne également comment
ce populisme perturbe les alliances politiques
dans d’autres pays européens, l’Allemagne, les
Pays-Bas et la Suède, par exemple.
Dès décembre 2017, l’assureur belge Credendo s’inquiétait, comme la plupart de ses
confrères, de l’augmentation des risques politiques : « On a l’impression d’être revenu 20
ans en arrière ! » déclarait son directeur général Nabil Jijakil, le 7 décembre, cité par Le Moci.
« Les risques politiques gâchent l’embellie
mondiale » titrait ce même média sur son site
Internet, en janvier 2018, en rendant compte du
traditionnel colloque de Coface sur les risques
pays.
Ce contexte a peu évolué, et la crise sanitaire
mondiale qui secoue la planète depuis le début
de 2020, par son impact économique et social
d’une ampleur inédite, recèle de nombreux
motifs d’incertitudes sur l’évolution de nombreux pays dans les deux prochaines années.
Mettre le risque pays à un niveau
supérieur au risque client
Une bonne nouvelle : dans ce contexte incertain, et certainement échaudées par quelques
sinistres, de nombreuses entreprises ont décidé de gérer le risque pays au même titre que le
risque client.
Le chemin aura été long. En avril 2006, l’assureur belge le Ducroire (devenu depuis Credendo), dans son premier baromètre du risque
client, déplorait ce manque d’intérêt des entreprises : « Le risque pays est quasiment totalement ignoré même par les grandes entreprises,
même lorsqu’elles sont actives à la grande
exportation. »
Quinze années plus tard, et sans doute dans
le contexte exceptionnel créé par la pandémie
de Covid-19, le Baromètre des risques export
d’Euler Hermes publié fin mai 2021 met le risque
politique en sixième position seulement des
préoccupations des entreprises interrogées
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