MOCI FEVRIER 2021 - n°2080 - Magazine - Page 13
LES destinations porteuses en 2021
En Allemagne, une
foire est une foire…
vialité. Une vision qui s’explique en partie par
le poids des foires et salons dans l’économie
allemande.
Selon la Fédération de l’industrie allemande
des foires et salons (Auma), le secteur organise
chaque année entre 160 et 180 événements,
fait travailler plus de 230 000 personnes dans
58 000 entreprises, et génère un chiffre annuel
de 4,5 milliards d’euros (Md EUR). Les retombées économiques s’élèvent à 14,5 M EUR.
De fait, avec 180 000 exposants et 10 millions de visiteurs par an, l’Allemagne est la terre
des foires et salons internationaux. On y vient
certes ausculter le marché allemand, se tenir
au courant des tendances et de la concurrence, mais également voir tous ses clients et
contacts internationaux.
Autre particularité : les Messen (foires) sont
gérés par les Länder devant lesquels ils sont
redevables et ont pour mission de mettre en
avant les savoir-faire de chaque filière. On
comprend mieux l’attachement des organisateurs allemands au format physique.
Du reste, ils n’excluent pas non plus l’hybridation des événements en attendant le retour
du présentiel, et les tenants de la digitalisation
estiment qu’on ne peut se passer totalement
du contact humain.
Avançant à tâtons dans une conjoncture
pour le moins incertaine, les foires et salons,
dont nombre d’entreprises s’étaient détournées ces dernières années, se réinventent et
tentent de mettre en place des alternatives. Au
final, ce seront les entreprises qui trieront le
bon grain de l’ivraie.
En attendant, la digitalisation des salons et
de la prospection internationale ne fait pas
l’unanimité partout dans le monde.
Si 70 % des professionnels du Moyen-Orient
et d’Afrique sondés par l’UFI estiment que le
Covid-19 a confirmé l’importance d’événements
en présentiel, ils ne sont que 53 % en Amérique
centrale et du Sud (69 % en Asie-Pacifique, 67 %
en Europe, 55 % en Amérique du Nord).
74 % des Européens
pensent que le
virtuel ne remplacera
pas le présentiel.
À l’inverse 74 % des Européens pensent
que les événements virtuels ne remplaceront
pas les salons en présentiel, contre 57 % des
Nord-Américains.
Des différences dont tout candidat à l’export
sur un nouveau marché doit désormais avoir
en tête pour affiner sa stratégie.
entretien avec Michael Scherpe
© DR
Président de la délégation officielle de Messe Frankfurt
pour la France et Monaco.
Les foires et salons
doivent rester ce
qu’ils sont : des lieux
de rencontre
Propos recueillis par Sophie Creusillet
Pour Michael Scherpe, président de la délégation
officielle de Messe Frankfurt pour la France et
Monaco, la digitalisation tient plus de la volonté
des organisateurs, en recherche d’un nouveau
modèle économique, que d’un réel besoin de
leurs clients, attachés aux événements physiques.
Profil LinkedIn
© Peter Csaszar - Shutterstock
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L’année 2020 a été particulièrement
difficile pour les organisateurs de
foires et salons. Comment Messe
Frankfurt a été impacté ?
Michael Scherpe. Nous avons bien sûr été très
affectés par les conséquences de la crise sanitaire provoquée par la Covid-19. La situation
est d’ailleurs extrêmement sérieuse pour toute
la profession. La principale est que ce virus est
un empêcheur de mobilité. Les annulations et
les reports ont impacté notre chiffre d’affaires,
en baisse de 60 % par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, nous venons juste d’apprendre que les foires et salons physiques du
premier semestre en Allemagne était annulés,
ce qui est évidemment une mauvaise nouvelle.
En France, Texworld, le salon international de la
mode qui doit se tenir à Paris en juillet, est pour
l’instant maintenu.
Les salons ont en revanche pu
reprendre dès 2020 dans d’autres
régions du monde…
M.S. Oui, c’est le cas en Chine où nous sommes
habituellement présents avec une cinquantaine de salons dont Intertextile qui s’est tenu
en septembre dernier à Shanghai. Les salons
se tiennent en présentiel en Chine, mais il est
difficile de s’y rendre en raison des restrictions
sanitaires, des contraintes de tests et des
confinements localisés. En Europe, ils ont été
annulés. La mobilité est désormais régionale.
Pour connaître les tendances d’un salon en
Chine il faut que quelqu’un déjà sur place y aille
à votre place et vous rende compte ensuite.
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