MOCI FEVRIER 2021 - n°2080 - Magazine - Page 15
LES destinations porteuses en 2021
Quel regard portez-vous sur les
salons virtuels qui sont apparus
pendant la crise sanitaire ?
M.S. Ces salons se sont multipliés depuis
maintenant presqu’un an, avec plus ou moins
de réussite. Ceux qui ont marché fonctionnent
sur un modèle qui se rapproche de celui des
médias, à savoir diffuser de l’information.
La pandémie de Covid-19 a montré qu’un
salon n’est pas un média. Nous n’avons pas
vocation à nous substituer à la presse mais à
nous concentrer sur notre cœur de métier. Les
foires et salons doivent rester ce qu’ils sont :
des lieux de rencontre et de commerce. Et les
entreprises les réclament.
Depuis 10 ans et une tendance des organisateurs à privilégier la masse de contacts, certaines s’étaient détournées des salons, mais
elles y reviennent car elles se rendent compte
que le contact personnel est irremplaçable. Le
100 % virtuel est d’abord la volonté des organisateurs. Les entreprises, elles, veulent pouvoir
toucher et tester les produits.
Dans l’industrie, les biens de consommation ou l’agroalimentaire cet aspect physique
est primordial. Je suis convaincu, et je l’étais
déjà avant la crise sanitaire, de l’importance
du relationnel. Nous sommes humains, nous
avons besoin de contact. Il suffit de regarder
nos sociétés au bord de la crise psychologique
par manque de relations sociales, de fêtes ou
de réunions de famille. Les salons donnent
un rythme à l’année : tous les ans à telle date
il faut que les nouveaux projets soient prêts à
être présentés et les entreprises s’adaptent à
ce rythme.
Pourtant, les nouvelles technologies
permettent de créer des outils
utiles pour la visibilité des produits
comme les vitrines virtuelles
par exemple.
M.S. Ces showrooms, qui se sont certes multipliés, ne sont pas nouveaux. C’est une solution
qui est mieux que rien : elle permet de générer
du chiffre d’affaires mais pas autant que sur
un salon. Cette approche n’est pour l’instant
pas la nôtre. Les salons restent essentiels et
le digital ne peut que compléter l’expérience
de la rencontre physique. Parce que l’humain
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LE MOCI N° 2080 - Février 2021
prime, mais aussi parce que les organisateurs
d’événements ne pourront pas tirer les mêmes
revenus des salons virtuels.
Cependant le digital a des atouts, à commencer par donner le bras long. Il donne accès
à beaucoup plus de contacts et des contacts
répartis dans le monde entier. Sur un salon
physique il est rare que tous les acteurs soient
là en même temps. Les entreprises ne viennent
qu’une fois sur deux, sautent une édition parce
qu’elles ont d’autres priorités ou par manque
de budget. Là, les contacts et clients potentiels sont beaucoup plus nombreux.
Le 100 % virtuel est
d’abord la volonté
des organisateurs.
Les entreprises,
elles, veulent pouvoir
toucher et tester
les produits.
Certaines plateformes permettent d’échanger en dehors des dates du salon. La possibilité de voir des conférences en replay est
aussi très pratique. Pour faire une comparaison sportive, c’est un peu comme le foot :
c’est toujours mieux d’être au stade avec ses
amis pour supporter son équipe que dans son
salon devant la télévision, mais la télévision
permet de revoir le match.
Rien ne remplacera les salons physiques
mais je pense que la combinaison avec le
digital peut prendre. À condition de garder de
la distance avec la médiatisation du tout digital, très en vogue actuellement. Cela me fait
penser à celle des hypermarchés en banlieue
vers lesquels les consommateurs se sont rués
un temps avant de revenir récemment vers
les commerces de centre-ville. Finalement, la
logique de l’humain et son besoin de contacts
prévalent toujours.
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entretien avec Kai Hattendorf
L’année 2020 a été très perturbée
pour le secteur des foires et salons.
Comment la pandémie mondiale
de Covid-19 l’a-t-elle impacté ?
© DR
Directeur général de l’Union des foires internationales.
Nous allons
renouer avec la
croissance en 2021
Propos recueillis et traduits de l’anglais par Sophie Creusillet
L’Union des foires internationales (UFI) rassemble
les fédérations de l’événementiel sur le plan
mondial. Avant de céder sa place à la Française
Marie-Laure Bellon le 1er mars 2021, il évoque pour
Le Moci les perspectives d’un secteur durement
touché par la crise sanitaire, et qui a dû mener
à marche forcée sa transformation digitale.
Profil LinkedIn
Kai Hattendorf. Globalement, selon les données du Baromètre de l’UFI qui vient de paraître,
en 2020 les revenus du secteur ont baissé de
-32 % en Europe par rapport à 2019, de -36 %
en Amérique du Nord, -27 % en Asie-Pacifique,
-23 % en Amérique du Sud et centrale et de
-24 % en Afrique et au Moyen-Orient.
Les foires et salons ont un impact direct
sur les territoires qui les accueillent. La participation à l’économie de cette industrie (lieux,
organisateurs, services) et de celles qui bénéficient de ses retombées (hôtellerie, restauration, transports) est estimée à un minimum
de 158 milliards d’euros (Md EUR) : 52 Md en
Europe, 67 Md en Amérique du Nord, 35 Md en
Asie-Pacifique.
Les salons constituent un canal de communication très fort pour développer le business
des entreprises. Les annulations et les reports
ont eu comme conséquence la diminution du
nombre de contrats signés en marge de ces
On estime que
des contrats pour
un montant total de
plus de 260 Md EUR
n’ont pas été signés.
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