MOCI FEVRIER 2021 - n°2080 - Magazine - Page 17
LES destinations porteuses en 2021
événements. On estime que des contrats pour
un montant total de plus de 260 Md EUR n’ont
pas été signés, même si certains sont seulement remis à plus tard.
Et concernant la fréquentation ?
K.H. À l’image du chiffre d’affaires du secteur,
elle a bien évidemment baissé en 2020. Dans
les zones où les salons ont pu se maintenir,
la fréquentation a été nationale (en Chine) ou
régionale (en Europe), avec moins de visiteurs
et d’exposants qu’en 2019.
Cependant, les entreprises exposantes ont
rapporté des ventes en progression. Les événements physiques remplacés par une version
digitale ont quant à eux enregistré des résultats plus mitigés.
Quelles seront les grandes
tendances des salons
internationaux pour les visiteurs
et les exposants en 2021 ?
K.H. 2020 a été une année comparable à aucune autre pour notre secteur ! Mais nous allons renouer avec la croissance en 2021. Et en
2022, 2023 et les années qui suivront.
Certains marchés vont rebondir rapidement
et d’autres auront besoin de plus de temps.
Mais nous avons la conviction, en nous appuyant sur nos recherches globales et sur le
terrain, comme par exemple en Chine, que les
entreprises attendent impatiemment de pouvoir retourner sur les salons.
En raison des restrictions de déplacement, ce
seront les événements nationaux et régionaux
qui conduiront d’abord la reprise. Les produits
et les marques voyageront plus facilement et
plus loin que les visiteurs. Les salons d’envergure internationale vont se « glocaliser ».
La pandémie va finir par passer, même si le
virus continue de circuler. Le business reviendra et la vie retournera à la normale. Les places
de marché et les lieux de rencontre que nous
mettons en place et que nous opérons seront
les clés de la reprise économique et un nombre
croissant de gouvernements en prennent
conscience.
Je pense à l’Australie et à son fonds gouvernemental. À l’Allemagne qui distingue les manifestations de masse des foires commerciales,
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LE MOCI N° 2080 - Février 2021
Malgré la très nette préférence pour les
événements en présentiel, il y a de bonnes raisons de croire que le digital continuera à jouer
un rôle important lorsque les restrictions de
déplacement prendront fin en 2021. Bien qu’il
soit clair que nos clients souhaitent vivement
retrouver des relations en face-à-face, le paysage de notre secteur a changé. À mesure que
nous sortirons de la pandémie de Covid-19,
nous devrions voir le digital devenir une opportunité pour optimiser les relations entre acheteurs et vendeurs.
Ce seront les événements
nationaux et régionaux
qui conduiront d’abord
la reprise.
et considère les secondes comme des déplacements essentiels. À Singapour qui explore
activement les opportunités qui se profile avec
la reprise du secteur de l’événementiel. Si l’industrie des foires et salons reste unie et continue de parler d’une seule voix aux autorités, les
autres gouvernements suivront..
2020 a vu exploser le nombre
d’événements digitaux.
Quels sont selon vous ceux qui
ont rencontré le plus de succès
et pourquoi ?
Les salons professionnels
constituent un important
levier marketing pour
les PME.
Cette tendance à la digitalisation
va-t-elle se maintenir en 2021 ?
K.H. En décembre dernier, l’UFI et Explori ont
publié un rapport sur les perspectives de
reprise qui se concentre sur l’expérience des
visiteurs et des exposants des événements
digitaux, sur leur perception de l’offre digitale
actuelle, sur leur vision des investissements
futurs dans le secteur et sur la façon dont
ils envisagent les événements hybrides. Ils
plaident tous pour un retour au présentiel.
Les visiteurs soulignent le gain de temps
et d’argent du digital et deviennent de plus
en plus à l’aise avec la production de contenus digitaux. Les exposants ont quant à eux
une nette préférence pour les événements
physiques, notamment pour faire du réseau,
et estiment que le digital ne propose pas un
retour sur investissement satisfaisant.
La seconde partie de cette étude publiée en
décembre s’attache à dessiner ce à quoi les
événements virtuels pourraient ressembler à
l’avenir. Ils ne chercheront pas à dupliquer une
expérience physique mais à s’adapter à des
objectifs particuliers : mobiliser une communauté, guider un public sur un territoire qui ne
lui est pas familier et rencontrer les nouveaux
clients où ils sont.
www.lemoci.com
K.H. La future place des salons professionnels
digitaux est le sujet qui sera le plus discuté
en 2021. Les débats que nous avons eus sur
l’hybridation vont devenir plus spécifiques. La
pression est palpable.
Les organisateurs vont devoir appliquer la
courbe d’apprentissage ultra rapide à laquelle
tout notre secteur a été contraint depuis le
début de la pandémie. Nos collègues de la tech
et du digital vont devoir approfondir leur compréhension de cet écosystème du face-à-face
qui est le nôtre.
S’il vous plaît, reléguons les « foires commerciales virtuelles » au passé ! Au pire, les salons
« hybrides » multiplient les complexités et
minimisent les résultats financiers. Au mieux,
il s’agira d’élargir la portée d’un événement en
créant des places de marché ouvertes toute
l’année.
Toutefois il y a encore beaucoup de chemin
à parcourir avant que ce potentiel ne se réalise.
La Covid va accélérer l’introduction et l’acceptation des services digitaux qui ont aujourd’hui
www.lemoci.com
fait leurs preuves. La valeur essentielle du
face-à-face est la relation humaine qu’il instaure. Cela nous manque tous, nous en souffrons en tant qu’humains.
Ce début d’année 2021 est pour
le moins incertain. Selon vous,
à quel horizon pouvons-nous
attendre un retour à la normal ?
K.H. Dans les douze à dix-huit prochains mois,
le commerce va faire son retour. Vendeurs et
acheteurs vont à nouveau se rencontrer après
avoir échangé par écrans interposés. Les personnes et les affaires vont avoir besoin de se
reconnecter et de réinitialiser leurs relations
commerciales maintenues en vie pendant
les confinements, et malgré les restrictions
de déplacement, grâce au digital et aux événements en ligne. Les salons professionnels
constituent un important levier marketing
pour les petites et moyennes entreprises qui
composent l’immense majorité des clients de
notre industrie.
En attendant ce retour à la
normale, quelle est la situation
actuelle des organisateurs
de salons ?
K.H. À l’heure actuelle, nous souffrons tous.
Beaucoup de professionnels talentueux ont
perdu leur travail, en raison du manque d’activité. Les grosses entreprises de l’événementiel
sont à l’affût et vont les embaucher.
Dans cette période de changements, le principal défi est que le gens restent connectés
les uns aux autres. Des communautés comme
celle du Exhibition Think Tank Club* constituent
d’importantes plateformes d’échanges.
En même temps, la Covid-19 a mis en
lumière l’importance des rencontres physiques. En conséquence, notre secteur va
devenir encore plus attractif. Nous avons
toujours attiré des talents très divers de par
leurs métiers, leurs origines ethniques, leur
genre ou leurs compétences. Cette diversité
a toujours rendu notre industrie plus forte.
Elle continuera à le faire dans un monde
post-Covid.
* www.exhibitionthinktank.com
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