MOCI JUIN-JUILLET 2021-n°2084-2085 - Magazine - Page 45
Les métiers de la vente en mutation :
les employeurs témoignent
Par Gaëlle Ginibrière
Dans les métiers du commerce à l’international, il ne fait aucun doute que les missions ne
s’exerceront jamais plus tout à fait comme avant la crise sanitaire. Des employeurs témoignent.
N
«
ous sommes en réflexion sur le
métier même de commercial export,
car les gens n’ont pas voyagé pendant un an et voyageront désormais moins,
ne serait-ce qu’en raison du coût carbone et
du temps économisé », fait remarquer Stéphane Boulet, délégué général du think tank la
Fabrique de l’exportation. Alors qu’auparavant
le commercial partait seul, il travaille désormais avec d’autres acteurs de l’entreprise,
notamment le marketing digital. Et quand il fait
de la prospection, il a tout un travail sédentaire
de renseignement en amont du rendez-vous
client, qui se tient, lui, en visio. Avec le télétravail, l’autonomie et une bonne capacité à communiquer à distance sont également devenues des compétences prisées. « On devrait
moins parler aujourd’hui d’administration des
ventes que de coordination commerciale, qui
recouvre une partie de supply chain. D’ailleurs,
la maîtrise de tableurs Excel figure désormais
dans certaines fiches de poste de commerciaux », avance Philippe Blesbois, consultant
en commerce international.
Aux côtés des traditionnels gestionnaires
export en charge des relations avec les distributeurs, la société Septodont, qui fabrique
et commercialise des produits à destination
des professionnels de la dentisterie, a créé de
son côté il y a quelques années le poste de
« demand planner ». « En charge de la gestion
des prévisions de commandes des distributeurs la personne est en lien avec la supply
chain et a pour objectif de connaître les besoins
à quinze mois des entreprises pour adapter
notre production », indique sa directrice des
relations commerciales, Cécile Arnaud.
Dans les secteurs industriels, les profils
d’ingénieurs ont depuis quelques années déjà
cédé le pas à des diplômés à la double compétence, à la fois technique et commerciale.
Quant aux fonctions d’assistanat et d’adminis-
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tration des ventes, les recruteurs observent
un retour en force des demandes pour des
profils bac+2, notamment dans les PME. « La
tendance, apparue il y a déjà quelques années,
est toujours aussi marquée : encore récemment
des entreprises ont refusé des profils à bac+5
– à qui elles ne peuvent proposer d’évolutions
passés trois ou quatre ans et qui se trouvent
donc frustrés – préférant ne pas recruter »,
constate Anne Vittoriano, directrice d’agence
pour le cabinet de recrutement spécialisé en
commerce international Riverchelles. Or ces
profils sont difficiles à trouver sur le marché, les
diplômés de BTS commerce international préférant poursuivre leurs études jusqu’à la licence,
voire jusqu’au master. « Je conseille à ces étudiants de bien réfléchir, car après le BTS, surtout
lorsqu’il est réalisé en alternance, ils occupent
bien souvent les mêmes fonctions que des
camarades plus diplômés », poursuit-elle.
Nous sommes en
réflexion sur le métier
de commercial export.
Profil LinkedIn
de Philippe
Blesbois
cutt.ly/hn2aAtn
De son côté, Cécile Arnaud dit donner la
préférence à un profil bac+3 expérimenté
qu’à un tout jeune diplômé plus capé. « Si
nous mettons la barre des recrutements à
bac+5, c’est surtout pour nous assurer des
profils plus matures », précise-t-elle. Parmi
les compétences qu’elle dit privilégier : la
polyvalence, la capacité à passer d’un dossier à l’autre facilement ainsi qu’une vision
globale du commerce international, depuis
les aspects les plus opérationnels jusqu’aux
notions juridiques. g
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