MOCI JUIN-JUILLET 2021-n°2084-2085 - Magazine - Page 63
Les fonctions juridique et financière
en effervescence : les employeurs témoignent
Par Gaëlle Ginibrière
Les métiers juridiques et financiers sont en pleine ébullition. Déjà chargés d’assurer
la sécurisation des contrats tout au long de leur durée de vie ou de couvrir les risques
financiers grâce à des produits bancaires ou d’assurance, ces professionnels
se sont vu assigner de nouvelles missions depuis la crise sanitaire.
L
«
e volet digital s’est accéléré, avec une
digitalisation du cycle contractuel,
depuis le respect du secret juridique
jusqu’à la signature électronique dont on doit
s’assurer qu’elle fait foi devant les juridictions
locales, en passant par la collecte d’éléments
pouvant servir de preuves en cas de litige »,
note Kevin Appointaire, directeur des affaires
juridiques de l’équipementier automobile Delfingen. Face à ces nouvelles tâches, ce professionnel, également délégué régional de
l’Association des juristes d’entreprises pour la
Franche-Comté, fait le constat que le nombre
de juristes d’entreprise ne cesse d’augmenter, avec une croissance des recrutements. Et
si la plupart des PME recourent plutôt à des
cabinets d’experts-comptables, des établissements bancaires ou des cabinets d’avocats,
elles sont cependant de plus en plus nombreuses à recruter des juristes. Les sociétés déjà dotées d’un service juridique, elles,
l’étoffe. « Les entreprises se rendent compte
que la fonction juridique n’est pas juste un
centre de coût, mais peut améliorer la rentabilité en évitant des risques liés au contrat ou ceux
liés à la compliance, c’est-à-dire la non-conformité », poursuit Kevin Appointaire. Respect du
RGPD (règlement général sur la protection des
données) et de la loi Sapin II sur l’anticorruption ont en effet renforcé les besoins de profils
maîtrisant les sujets de compliance. « La mise a
plat des process revêt aussi un effet vertueux
en interne comme dans le fonctionnement
externe », remarque Christophe Héry, avocat
associé au cabinet Altaïr.
L’année de crise et de télétravail écoulée a
également conduit les entreprises à privilégier
certaines soft skills dans leurs recrutements
ou à former leurs équipes. « La pugnacité et
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l’autonomie sont nécessaires quand il s’agit
de travailler seul depuis chez soi sur différents
projets et sans pouvoir se reposer sur l’émulation d’équipe. Et il en va de même pour les
capacités de communication et de vulgarisation pour s’assurer que les messages passés à
distance aux opérationnels non-juristes soient
clairs », décrit Kevin Appointaire.
Des débouchés existent aussi chez les partenaires externes de l’entreprise. Côté juridique, Christophe Héry reconnaît avoir été
beaucoup sollicité ces derniers mois. « Par
exemple sur des problématiques de suspension ou d’adaptation des contrats pendant la
crise, ou de partage des responsabilités dans
le domaine de la logistique. Les questions liées
au commerce électronique ont aussi pris une
nouvelle ampleur. »
Profil LinkedIn
de Christophe
Héry
cutt.ly/Un2a4ee
Profil LinkedIn
de Kevin
Appointaire
cutt.ly/nn2gFmE
« Les besoins de
profils maîtrisant les
sujets de compliance »
sont en hausse »
Dans le domaine financier, les banques ont
toujours des besoins en trade finance, mais
aussi dans les services de front office – en lien
avec la clientèle entreprise – comme de back
office – traitement des opérations au niveau du
contrôle documentaire, des lettres de crédit,
des moyens de paiement – mis aussi de middle
office – qui fait l’interface entre les deux précédentes fonctions avec une dominante de vérification des critères de conformité. g
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