MOCI JUIN-JUILLET 2021-n°2084-2085 - Magazine - Page 9
En revanche, on manque de formations dédiées
aux niveaux licence et, surtout, master, que ce
soit à l’université ou dans les grandes écoles.
On compte en France quelques dizaines de
licences ou de masters alors que la seule
université de Leeds au Royaume-Uni forme
700 étudiants par an dans des masters en
international business. Paradoxalement, les
établissements qui disent avoir tenté de lancer
ce genre de programme expliquent recevoir
relativement peu de candidatures d’étudiants.
Par ailleurs, on compte encore peu d’enseignants-chercheurs spécialistes de l’international, y compris pour répondre à la demande
d’entreprises qui sollicitent les universités ou
les écoles de commerce pour des programmes
de formations sur-mesure, et il y a aussi peu de
thèses dédiées à ce sujet.
Quid des écoles de management
qui sont très orientées
à l’international ?
S.B. Elles sont internationales dans la mesure
où elles ont un réseau de partenaires à l’étranger, reçoivent des étudiants internationaux,
envoient les leurs à l’étranger et propose des
filières complètement en anglais. En revanche,
la plupart ne proposent pas de formation spécifique et transversale en international business.
De la même façon que l’on a dit aux entreprises
d’être fortes sur leur marché local pour ensuite
le devenir à l’international, les écoles traitent
l’international business comme un plus. Nous
considérons à la Fabrique de l’exportation que
l’international ne doit pas être un à-côté, que
les PME doivent être tout de suite prêtes à travailler à l’international et que cette dimension
doit irriguer tous les enseignements.
Comment changer les choses ?
S.B. Les marges de manœuvre sont étroites.
Nous avons, avec d’autres, sensibilisé le
ministre en charge du Commerce extérieur
Franck Riester, qui pour la première fois en
mars a visité une école de commerce accompagné de représentants de Bpifrance, Business
www.lemoci.com
MO2084-2085_1-41.indd 9
On compte encore peu
d’enseignants-chercheurs
spécialistes de l’international.
France, ICC France, Medef, et nous-mêmes…
en affichant le commerce international comme
credo.
Face à cet enjeu, il y aurait un travail conjoint
à entreprendre avec le ministère de l’Éducation nationale en associant l’ensemble des
acteurs privés et publics concernés pour faire
de l’international business une filière d’excellence, du niveau BTS au niveau master, dans
les écoles ou les universités, avec un contenu
académique et pratique en adéquation avec
les connaissances et compétences dont les
entreprises ont besoin.
« L’international
ne doit pas être
un à-côté »
Qu’en est-il de la maîtrise
de l’anglais, présentée comme
essentielle dans le volet formation
de la réforme du dispositif export
de janvier 2018 ?
S.B. Je suis pour ma part nuancé à ce sujet.
Les langues – et pas uniquement l’anglais – font
partie des compétences nécessaires au commerce international, et il faut aujourd’hui s’intéresser à la diversité au sein des entreprises.
Mais ce n’est pas parce que l’on parle mal l’anglais ou la langue locale que l’on ne réussit pas
à l’international. C’est généralement plutôt lié au
fait ne pas avoir déployé la bonne stratégie ! g
LE MOCI N° 2084-2085 - juin-juillet 2021
9
23/06/2021 17:23