MOCI MAI 2021-n°2083 - Magazine - Page 13
au bon endroit, l’autorité portuaire a dû ouvrir
les terminaux 24h/24 et 7j/7 de façon à lisser
les heures d’attentes, notamment des 400 à
500 camions pour charger les conteneurs.
Ces retards des navires en provenance d’Asie,
qui déstabilisent l’organisation les mouvements de conteneurs sur le port, sont liés à la
congestion des ports chinois.
Ces perturbations entraînent-elles
un problème de réservation
de conteneurs ?
D. M. Bien sûr. Elles aboutissent à une pénurie de conteneurs vides dont les réservations
sont compliquées pour les commissionnaires
de transport. Les compagnies maritimes ne
prennent plus les réservations « spot » et ne
fonctionnent que par contrat.
Cette pénurie de conteneurs associée au
manque de bateaux entraîne, de plus, une
envolée des taux de fret à un niveau élevé
jamais vu de l’ordre de 10 000 dollars US le
conteneur de 40 pieds. Le rapport de force
entre les compagnies maritimes et les chargeurs penchent largement en faveur des premières.
Le port d’Anvers ressent-il
la congestion des ports américains
qui ont été privilégiés par
les compagnies maritimes sur
l’axe Asie-Amérique, au détriment
des lignes Asie-Europe ?
D. M. Oui, d’autant qu’Anvers est plus actif
dans l’exportation de conteneurs vers l’Amérique du Nord qu’à l’importation. La congestion des ports américains et la suppression de
porte-conteneurs des compagnies maritimes
« Ce marché
manque d’une
offre alternative,
d’un outsider »
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sur l’axe Asie-Europe perturbe l’activité export
du port.
Cette situation difficile ne pourra pas être
résolue tant que les trois plus grandes compagnies maritimes seront en situation de monopole sur le transport de conteneurs. Pourtant, les autorités chinoises font pression sur
ces compagnies pour accroître le nombre de
navires et faire baisser les prix. Et l’Union européenne a fait de même avec CMA-CGM pour
l’inciter à mettre à l’eau davantage de navires.
Ce marché manque d’une offre alternative d’un
outsider, pour pallier le déficit de moyens de
transport.
Le récent blocage du canal de Suez
aggrave-il cette situation ?
D. M. L’incident du canal de Suez entraînera de nouveaux retards dans les escales de
porte-conteneurs tout au long du deuxième
trimestre. Cela va amplifier la congestion
des ports en général, notamment celle de
Rotterdam qui traite de très gros volumes de
conteneurs, mais aussi du port d’Anvers.
La péripétie de Suez, qui a bloqué temporairement plusieurs centaines de navires, crée
un goulet d’étranglement lorsqu’une dizaine
d’entre eux arrivent en même temps au port
d’Anvers. Tous les plannings de traitement des
conteneurs sont ainsi bouleversés y compris
pour les opérateurs ferroviaires et fluviaux qui
les transportent dans l’hinterland portuaire.
La congestion des ports et celle
d’Anvers va-t-elle durer ?
D. M. On ne peut résorber cette congestion rapidement lorsqu’on voit que la crise
sanitaire perdure. Il va falloir du temps pour
rééquilibrer le trafic maritime de conteneurs
en faveur de l’axe Asie-Europe, si les principales compagnies maritimes veulent bien
jouer le jeu et accepter de tirer moins profit
de la situation.
Nos opérateurs de terminaux estiment que la
congestion portuaire va durer jusqu’en septembre 2021. Pour le port d’Anvers, qui constitue un hub européen de transbordement de
conteneurs où escalent 35 % des volumes
« short sea » depuis la Scandinavie, la Russie et
la péninsule ibérique, le plus tôt sera le mieux. g
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