MOCI NOVEMBRE 2021-n°2089 - Magazine - Page 17
caméra sans cameraman, un instrument qui
filme tout seul. » En 2011, le futur dirigeant
quitte son poste de directeur d’un site industriel d’iXblue, une société spécialisée dans les
équipements de haute précision, pour se lancer dans l’aventure Move’N’See. Il s’entoure
alors d’électroniciens et de mécaniciens pour
mettre au point Pixem (pour téléphones et
tablettes) et Pixio (caméras).
Ces robots capables de filmer, aussi bien
en intérieur qu’en extérieur, les déplacements
des sportifs utilisent la triangulation par radio.
Le robot et le sujet sont équipés d’émetteurs
récepteurs d’une portée de 100 m et évoluent
entre trois balises permettant ainsi à la caméra
de suivre le sujet en mouvement. Le robot fait
automatiquement la mise au point et ajuste le
zoom ainsi que le cadrage. « Nous avons été
les premiers à mettre cette technologie au
point », se félicite le dirigeant, qui a pris soin de
la breveter.
Une stratégie 100 % webmarketing
intégrant l’international
Pour financer ce projet, le dirigeant compte,
outre un apport personnel, sur les banques,
le Réseau Entreprendre, Phar Bretagne et
Bpifrance. Le Pixio est présenté au CES de
Las Vegas de 2015 pendant lequel sont organisées des préventes sur le site marchand de
la startup. Une stratégie qui permet de récolter des informations sur les potentiels acheteurs. Avantage de créer un marché : ce sont
les clients qui viennent à l’entreprise et non
l’inverse.
C’est d’ailleurs une des particularités de
Move’N’See : hormis quelques distributeurs,
les ventes se font uniquement sur Internet. Le
site est disponible en trois langues (français,
anglais, espagnol) et deux devises (l’euro et
LES CHIFFRES CLÉS
C
A 2020 : 3 millions d’euros
C
AI 2020 : 2,8 millions d’euros
P
art de l’international dans le CA :
94 %
E
ffectif : 20
www.lemoci.com
« La startup exporte 95 %
de son chiffre d’affaires
dans 70 pays »
le dollar US). « Nous n’avons toujours pas de
commercial et avons développé une stratégie
100 % web, confie Eric Willemenot. Le webmarketing nous a permis de faire de l’international à moindre frais. »
Une stratégie gagnante puisque la startup
exporte aujourd’hui 95 % de son chiffre d’affaires dans 70 pays et 45 % rien qu’aux ÉtatsUnis. Move’N’See est ainsi devenu l’outil officiel d’entraînement de la Fédération équestre
américaine.
Du parachutisme aux églises
évangéliques
Les robots cameramen intéressent non seulement les sportifs (75 % des utilisateurs actuels)
mais ont également attiré les conférenciers, les
enseignants, les adeptes de l’agility ou encore…
les églises évangéliques américaines. Le prix
de l’équipement (moins de 1 000 euros) permet
une large diffusion de ces robots.
Forte de ce premier succès, la startup a
développé Pix4Team, un robot capable de
filmer des sports collectifs. Grâce à l’intelligence artificielle et à une caméra grand angle,
le robot cadre et filme seul les actions sur le
terrain. La commercialisation est prévue pour
janvier 2022.
Cerise sur le gâteau : cette solution à la
pointe de la technologie, vendue moins de
1 000 euros, est entièrement fabriquée à
Douarnenez, par Eolane, un EMS (Electronic
Manufacturer Services) qui travaille notamment avec Airbus et Thalès. « Nous les avions
rencontrés à Las Vegas en 2015. Travailler
avec des fabricants asiatiques suppose des
coûts cachés, des allers-retours réguliers et
un délai d’industrialisation de dix-huit mois
alors qu’il est de huit à dix mois en France. » Un
choix qui apparaît encore plus pertinent après
une pandémie qui a très sérieusement remis
en question le Made in China.
LE MOCI N° 2089 - novembre 2021
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