MOCI NOVEMBRE 2021-n°2089 - Magazine - Page 45
très dynamiques à l’export. Des coopératives
comme Agrial (lait, salades, légumes et fruits
frais, boissons et viandes) ou Limagrain dans le
domaine des semences y performent de façon
remarquable.
Quelle action peut mener
la structure que vous présidez
pour y répondre ? Et quel est, plus
largement, le rôle de l’État pour
orchestrer un redressement ?
J.-F.L. Le fait de dresser cet état des lieux
ensemble entre les professions rassemblées
au sein de la CTI internationale est déjà positif, car cela nous permet de concentrer notre
action sur les points à optimiser (innovation, compétitivité, organisation et stratégie
de filière, etc.). Il y a encore des secteurs où
les difficultés pour se restructurer sont plus
importantes. La filière animale a plus de mal à
le faire que la filière végétale où le déploiement
à l’international se fait plus facilement, sous
l’impulsion de leaders, et ce en embarquant un
maximum d’acteurs de la chaîne de valeur.
Chaque acteur, État comme entreprises, fédérations ou interprofessions a des droits et des
devoirs. L’objectif partagé par tous doit être le
combat commercial, que cela soit au niveau
des régions, au sein des filières ou de l’appareil
d’État.
Mais ce décrochage n’est pas
arrivé du jour au lendemain. Quels
signaux faibles ou quels jalons
marquants peuvent l’expliquer ?
J.-F.L. Un travail de fond a été fait sur les
filières agroalimentaires françaises pour comprendre les raisons de la dégradation du solde
commercial et l’érosion de leur compétitivité.
On peut citer la hausse des charges fixes et
coûts de structure associés à la progression
des coûts réglementaires.
Les dysfonctionnements logistiques ainsi qu’une innovation restée à la traîne n’ont
pas aidé ainsi que notre inaptitude à travailler
en équipe, alors même que nous avons des
champions de l’agroalimentaire mondiaux et
de grands réseaux de distribution alimentaire
à l’international. Nous ne nous appuyons pas
assez sur eux et nous n’embarquons pas suffisamment de PME à l’étranger, par exemple.
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Parmi les différentes mesures du
plan de relance à l’export en soutien
des PME et ETI, y en a-t-il qui
ont été particulièrement bénéfiques
aux filières dans le périmètre
de suivi de FranceAgriMer ?
J.-F.L. Il y a eu une grande diversité de dispositifs, certains en faveur de la chaîne agricole
(maintien du potentiel productif), d’autres en
appui des transformateurs allant à l’international. Des financements de soutien de matériel
agricole ont ainsi été mis en œuvre. Un appel à
projets, dont les lauréats devraient être bientôt connus, permettra de bénéficier d’aides
pour structurer une filière à l’échelle territoriale avant de se lancer dans une démarche
export.
Un point sera fait début décembre au sein de
la CTI sur l’utilisation des mesures d’aide du
plan de relance. Nous pouvons citer notamment le chèque relance à l’export pour faciliter la prospection des entreprises sur les marchés étrangers ou les dispositifs d’assurance
à l’export en adaptation pour accompagner
les entreprises à l’international.
Quid de la durabilité des produits
de la filière agroalimentaire
(neutralité carbone) ? Peut-on
en faire un atout concurrentiel
à l’export ? Et si oui, à quelles
conditions ?
J.-F.L. Les sujets de durabilité encouragent la
mue de notre écosystème vers des solutions
combinatoires, où un peu moins d’antibiotiques et de carburant pétrolier complètent
un effort d’innovation supplémentaire. C’est
un chantier de réflexion en cours qui associe tous les maillons de la chaîne agricole. Il
est mené au niveau interprofessionnel, du
producteur au transformateur, au logisticien
en passant par le distributeur. Mais cela ne
se fera pas non plus sans l’assentiment des
consommateurs et les citoyens qui ont des
attentes en la matière. Ils devront également
accepter et comprendre que le développement agricole et industriel (sans oublier son
volet déconcentration) se fera sur l’ensemble
du territoire. Les entreprises devront tenir
compte de cette nouvelle dynamique de
décarbonation.
LE MOCI N° 2089 - novembre 2021
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