MOCI NOVEMBRE 2021-n°2089 - Magazine - Page 46
Enquête : les PME et l’export
Plan de Relance export
Des millions d’euros
dorment encore
Par Emmanuelle Serrano
Les mesures de soutien aux entreprises françaises
à l’international, déployées au premier rang par
Business France et Bpifrance, remportent un succès
contrasté auprès des principales intéressées.
La prolongation de leur durée d’application et
l’extension de leur périmètre de mise en œuvre
devraient contribuer à accélérer leur décaissement
d’ici à la fin du mois de juin 2022.
© istock
L
a sous-consommation du volet export du
plan France Relance interroge. Le député
de l’opposition (LR) de l’Ardèche, Fabrice
Brun, a jeté un pavé dans la mare avec son rapport sur le commerce extérieur. Le parlementaire estime que seulement 180 sur les 247
millions d’euros ont été utilisés pour soutenir
et redynamiser les entreprises hexagonales
à l’export. Près de 71 millions d’euros attendraient d’être mis en œuvre. Sa suggestion,
faite début novembre dans l’Hémicycle, de réorienter une partie de ces crédits non décaissés vers le chèque relance export (CRE) a été
refusée.
46
LE MOCI N° 2089 - novembre 2021
L’État joue les prolongations
Mais la récente décision de prolonger la durée
d’application des instruments de relance
jusqu’au 30 juin 2022, et d’étendre leur périmètre d’application ou d’augmenter leur montant, ainsi que le rappelle le ministre Franck
Riester en ouverture de ce numéro, montrent
bien que le gouvernement veut que cet argent
irrigue au plus vite et de façon massive le tissu
économique, qu’il s’agisse de primo-exportateurs ou de structures plus aguerries.
Les 66,8 millions d’euros gérés par Business
France (CRE et chèques relance VIE) seront
vraisemblablement totalement consommés
d’ici le 31 décembre 2022. Au 15 novembre,
7 329 CRE ont été délivrés pour un montant
d’aides de 12,5 millions d’euros. Sur le volet
VIE, ce sont 809 chèques pour une somme de
4,1 millions d’euros qui ont été accordés.
AP et APA, FASEP : des performances
très différenciées
Parmi les autres instruments phares du dispositif de relance figurent aussi les assurances et
garanties export, proposées par Bpifrance, via
sa filiale Bpifrance Assurance Export (Bpifrance
AE). Dans le cadre du plan de relance, les budgets garantis pour l’assurance prospection
devaient permettre d’attribuer 1 500 assurances
prospection (AP) par an de 2020 à 2022, contre
1 000 aujourd’hui. Au 31 août 2021, 858 contrats
AP avaient été conclus pour un montant de 180
millions d’euros (hors assurance prospection
accompagnement). Environ 1 300 AP devraient
être délivrées cette année, soit une hausse de
6 % par rapport à l’an dernier. Un niveau assez
proche des objectifs fixés en 2020.
L’assurance prospection accompagnement
(APA) a en revanche été très peu utilisée. Au
31 août, seuls 37 avaient été signés pour un
montant d’un million d’euros. À l’opposé, les
30 millions d’euros budgétés pour le Fasep
(Fonds d’études et d’aide au secteur privé)
devraient être bien consommés d’ici à la fin de
l’année, grâce au succès des appels à projet
selon les chiffres de la DG Trésor.
La réouverture des frontières avec les ÉtatsUnis et d’autres grands pays devrait contribuer
à améliorer les décaissements, à moins que la
cinquième vague de Covid-19 ne vienne jouer
les trouble-fêtes dans ce plan bien huilé.
www.lemoci.com