MOCI OCTOBRE 2021-n°2088 - Magazine - Page 81
Mise en place d’un business plan
Le MCLU, pour qui c’est une première, accepte
de tenter cette solution audacieuse. Le travail
d’ingénierie du projet dure près de trois ans,
avec une forte implication des équipes de
Bpifrance pour accompagner les deux partenaires dans le montage du dossier.
Il faut notamment mettre en place un véritable « business plan », ou plan d’affaires, pour
démonter la rentabilité du projet et sa capacité à créer des revenus par les recettes qu’il
génère afin de rembourser le prêt de Bpifrance.
« La partie la plus innovante de ce projet
est le financement avec la mise en place de
ce plan d’affaires, confirme Nassirou Mbow.
Nous avons déterminé qu’il était rentable à
200 % dès la troisième année grâce à l’augmentation des recettes fiscales. On passera ainsi de
15 000 actes par an à 50 000 à 100 000 par an
». Autant de droits et taxes réglés par les usagers qui rentreront dans les caisses de l’État.
Côté Bpifrance, ce projet coche toutes les
cases : porté par une ETI française dotée d’une
expertise de pointe, il sert en outre la stratégie
de soutien aux projets innovants et durables
en Afrique, comme l’explique Pedro Novo,
le directeur exécutif de Bpifrance export :
« Le problème de sécurité foncière traverse
toute l’Afrique et il y aura certainement des
opportunités à saisir dans d’autres pays du
continent à l’avenir. Notre priorité est qu’un
projet comme celui-là ne reste pas orphelin et
puisse se faire grâce à des solutions de financement appropriées. Les banques peuvent
hésiter à octroyer des crédits export pour des
projets inférieurs à 25 millions d’euros pouvant
estimer que le rapport rendement-risque n’est
pas assez favorable. Bpifrance a mis en place
cette offre pour rendre ce produit d’artisanat
d’art en matière de financement accessible
aux PME et aux ETI exportatrices. »
« La partie la plus
innovante de ce projet
est le financement »
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Un projet qui devrait inspirer
l’ingénierie française
Le contrat commercial est signé en décembre
2019, à l’occasion de la visite d’une délégation
ivoirienne à Paris, entre Bruno Nabagné Koné,
ministre de la Construction, du Logement et
de l’Urbanisme, et Éric Thalgott, P-dg de Geofit (notre photo). L’arrivée de la pandémie de
Covid-19 retarde le processus mais le volet
financier, pour un montant de 27 millions d’euros, est définitivement bouclé et signé en avril
2021.
Aliénor Daugreilh, responsable Financement
export chez Bpifrance, en résume les points
essentiels : « Le ministère de la Construction,
du Logement et de l’Urbanisme de la Côte
d’Ivoire voulait un financement pour la totalité
du projet, d’un montant de 27 millions d’euros :
nous avons réalisé un montage qui prévoit un
crédit acheteur pour 85 % du montant total,
explique-t-elle. Un crédit commercial pour la
part locale et l’acompte complète le plan de
financement. Il s’agit d’un financement d’une
durée de dix ans, avec une période d’exécution de vingt-quatre mois. C’est le résultat de
trois ans de discussions avec les autorités ivoiriennes et un bel exemple d’accompagnement
d’une PME aux travers des différentes étapes
du processus liées à ce mode de financement. »
Selon elle, ce projet devrait en outre inspirer
les entreprises françaises du secteur de l’ingénierie en quête de solutions financières innovantes pour leurs clients : « Une autre spécificité de cette opération : à côté de l’acquisition
de biens matériels, le financement couvre une
importante part de prestations immatérielles,
souligne Aliénor Daugreilh. Cette nature de
prestations est peu courante dans l’objet des
crédits export que nous finançons. Les entrepreneurs devraient en faire plus souvent une
catapulte de l’excellence française en matière
d’ingénierie. »
Pour IGN FI, et sa maison mère Geofit, groupe
qui réalise un chiffre d’affaires de l’ordre de
80 millions d’euros, dont 15 % à l’international,
ce projet ivoirien pourrait n’être qu’un début.
« C’est un tremplin car ce projet se réalise dans
un pays d’Afrique de l’ouest francophone où
nous n’avions pas encore réussi à monter un
projet aussi complet », se réjouit Christophe
Dekeyne, directeur général d’IGN FI.
LE MOCI N° 2088 - octobre 2021
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