Moci octobre n°2097-2098 - Magazine - Page 101
en étant neutre par rapport à la qualité de service au client.
Quand on est vendeur, mettre à disposition de
son client, « livrer » la marchandise sur le quai
de sa propre usine sous-entend un moins bon
service à ce même client que de livrer cette
même marchandise sur le quai de l’usine de
son client. Cela suppose que le vendeur, s’il
veut rendre un bon service, va devoir livrer
cette marchandise sur le quai de son client.
Mais ce sens du service a des limites. En effet,
il y a des risques à sortir de ce que nous appelons sa zone de compétences.
LA ZONE DE COMPÉTENCES
Lorsque vous vous adressez à un commissionnaire de transport, il va souvent vous dire qu’il
peut livrer partout dans le monde, jusque dans
les endroits les plus reculés du plus vaste pays.
C’est la plupart du temps vrai, mais là n’est pas
le problème.
Si vous vous adressez à un commissionnaire,
il va vous facturer ses prestations. Bien entendu, vous paierez, mais vous devez vérifier sa
facture. Là est le vrai problème. Or, comment
savoir si le montant qu’il vous facture pour un
transport de post-acheminement entre le port
international de Shanghai et la ville de Yueyang,
dans la province du Hunan, est correct ?
À part lire sur un atlas qu’il y a un peu moins de
1 000 km à vol d’oiseau, que savez-vous de l’infrastructure routière, des règles de conduite,
des véhicules utilisés, des prix au kilomètre
pratiqués, du temps nécessaire ? Rien. Comment pourrez-vous contrôler la facture et le
délai ? Vous ne le pourrez pas ! C’est ce que
nous appelons la limite de compétences.
Tous les aéroports internationaux et tous
les ports internationaux au monde se ressemblent. Des quais, des pistes, des tours de
contrôle ou des capitaineries, des manutentionnaires, des entrepôts, des douaniers, des
bureaux de commissionnaires de transport et
on parle anglais.
Jusque-là, dans les ports ou aéroports internationaux, je suis capable, à peu près, de
contrôler une prestation, son coût et la durée
de sa réalisation. C’est là qu’est la limite de mes
compétences. Le point jusqu’où je sais pouvoir contrôler la prestation de mon commiswww.lemoci.com
sionnaire. Et avouez que livrer mon client de
Yueyang à Shanghai a tout de même meilleure
allure que de le livrer à Rueil-Malmaison, par ailleurs charmante ville de la banlieue parisienne !
LE CHOIX DE LA RÈGLE INCOTERMS
Alors, quelle règle Incoterms 2020 négocier
avec mon client ?
CPT… (Carriage Paid To…, port payé
jusqu’à…) et CIP… (Carriage and Insurance
Paid to…, port payé, assurance comprise
jusqu’à…) sont deux règles pour lesquelles le
point de « livraison » est dans le pays de départ
et le vendeur organise le transport jusqu’au
pays de destination.
Donc, en CPT et CIP, vous aurez « livré » la
marchandise dans le pays de départ, organisé le transport jusqu’au pays de destination et
l’acheteur supportera le risque sur la marchandise depuis le point de livraison, dans le pays
de départ. Pas très clair, pas très simple et, surtout, peu d’avantages tant pour le vendeur que
pour l’acheteur.
Si on fait les choses, autant les faire complètement.
DAP… (Delivered At Place…, rendu au lieu de
destination…)où vous allez organiser le transport jusqu’au lieu de destination convenu, les
marchandises étant prêtes pour être déchargées par l’acheteur, c’est mieux.
DPU… (Delivered At Place Unloaded, livré
déchargé à un endroit convenu) dans un terminal qui pourra se situer dans le port ou l’aéroport, ou un peu plus loin ou même beaucoup
plus loin en fonction de votre zone de compétences.
En effet, avec l’ancienne règle incoterms
2010 le flou de la définition du mot « terminal » de l’ex-incoterm DAT rendait impérative
la précision d’une adresse précise au sein des
infrastructures portuaires ou aéroportuaires.
Un « DAT Le Havre » pouvait être source de
très gros problèmes. Il y avait de plus un risque
d’interférence avec les Liner terms, qui sont
les accords entre compagnies maritimes et les
ports.
Avec le nouveau DPU, la marchandise ne reste
pas à l’entrée du terminal, le vendeur décharge
à un endroit convenu avec son client ce qui
ouvre cet incoterm à toute destination.
LE MOCI N° 2097-2098 - octobre 2022
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