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n° 3
Léonard Thiry
Deventer vers 1490-vers 1550 Anvers
Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste
Plume et encre noire, lavis gris, les contours incisés, traces de mise au carreau à la pierre noire,
noirci au verso pour transfert, cintré du haut.
Inscription à la pierre noire, au verso “ maître Roux Leblanc 20f ”.
19 x 12,8 cm
Reçu maître peintre à Anvers en 1533, Léonard
Thiry est documenté sur le chantier de la galerie
François Ier au château de Fontainebleau à partir
de 15361. Il fait partie des principaux collaborateurs
de Rosso Fiorentino (1494-1540) dont il devient un
des plus habiles imitateurs notamment pour des
œuvres destinées à l’estampe. Actif à Fontainebleau
au moins jusqu’en 1543, il travaille également sous
les ordres du Primatice (1503-1570), au contact
duquel il développe une manière plus personnelle,
libérée de l’empreinte rossesque. Un séjour parisien
à la fin des années 1540 est possible mais non
attesté. Selon Jacques Androuet du Cerceau, Thiry
serait mort à Anvers en 1540.
représentant la Sainte Famille avec le petit saint
Jean3 et d’une feuille récemment réapparue
représentant également la Vierge à l’Enfant avec
le petit saint Jean, aujourd’hui dans la collection
Horvitz4. Par rapport à ceux-ci, la présente feuille,
de plus grandes dimensions, est d’une facture plus
aboutie. Avec ses traits aux larges contours, ses
larges aplats de lavis, ses figures rablées, ses doigts
effilés, ses plis compliqués, le dessin semble offrir
une parfaite illustration de l’art de Thiry, entre
influence de Rosso et développement d’un style plus
personnel.
Thiry a largement contribué à diffuser l’art de
la première école de Fontainebleau grâce aux
nombreuses estampes qui furent gravées d’après
ses compositions par Léon Davent (actif 1540-1556)
d’une part, et par les burinistes parisiens, Pierre
Milan (actif vers 1540) et René Boyvin (1525-1598),
d’autre part. Son œuvre connu se résume, en effet,
principalement aux estampes exécutées d’après
ses inventions et aux quelques quatre-vingt dessins
aujourd’hui conservés. Il s’agit de copies d’après
Rosso, de dessins pour la gravure ou pour le vitrail2,
de dessins d’ornement ainsi que de quelques dessins
dont la finalité nous échappe encore. C’est à cette
dernière catégorie qu’appartient le présent dessin,
pourtant partiellement mis au carreau et noirci
au verso.
Étude autonome et d’invention et non reprise d’un
sujet du Rosso, comme semble le confirmer le beau
repentir de la tête de la Vierge, il est tentant d’y
voir le projet pour un vitrail. Son sujet le rapproche
de trois petits dessins recto-verso à l’Albertina
Voir H. Gasnault, “ ‘ Léonard tyri de Belges peintre excellent ’, entre imitation et création (ca. 1500-ca. 1550) ”, Les cahiers d’histoire de l’art, X, 2012, pp. 12-20.
Voir H. Gasnault, “ Léonard Thiry : projet pour un vitrail ”, Mélanges autour du dessin en l’honneur d’Emmanuelle Brugerolles, Milan, 2022, pp. 83-86.
3
E. Knab et H. Widauer, Beschreibender Katalog der Handzeichnungen in der graphischen Sammlung Albertina. Franzözisische Zeichnungen der Albertina. Von Clouet bis Le Brun,
Vienne, 1993, N°F14-15-16, repr.
4
H. Gasnault, “ Nouveaux dessins de Léonard Thiry ”, Nouvelles de l’estampe, n° 268, 2022, p. 9, fig. 6.
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