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n° 4
Jean Cousin, le Père
Soucy vers 1490-vers 1560 Paris
Le mois de février
Plume et encre noire, sanguine, incisé et partiellement piqueté (notamment le singe),
mise au carreau à la pierre noire, rougi au verso pour transfert.
Trace d’une signature à la plume et encre brune, en bas à droite “ I. Cousin ”.
25,5 x 42,6 cm
Provenance :
Une marque non identifiée (pas dans Lugt), répétée trois fois au verso.
Cesare Frigerio 1890-1977) (L. 4363).
À gauche, des hommes ramassent du bois et
s’occupent d’une treille dans un paysage d’hiver.
À droite, dans une riche et sophistiquée architecture
ouverte, deux hommes jouent au dés, tandis qu’à
l’arrière-plan, trois personnages masqués semblent
se moquer d’un vieil homme attablé derrière lequel
est un autre qui remplit un verre (probablement
une illustration de la tradition “ Le roi boit ” rendue
célèbre un siècle plus tard par Jacob Jordaens).
Cette scène représente sans aucun doute Mardigras. Les mêmes éléments (les masques et les dés)
se retrouvent, par exemple, sur une gravure de
Crispijn van de Passe d’après Marten de Vos
illustrant le mois de février dans une série des
Douze mois1.
Le sujet semble suggérer que ce dessin faisait
partie d’une série consacrée aux mois, même si
aucune autre feuille pouvant en avoir fait partie
n’est aujourd’hui connue. Un dessin de Jean Cousin
le Fils (1522-1595) représentant le Printemps est
aujourd’hui au Louvre (Fig. 1). Il est de dimensions
similaires au présent dessin, mais sa technique, son
exécution comme son style semblent exclure qu’il ait
1
fait partie de la même série. La finalité du présent
dessin reste mystérieuse. Passé à la pointe et rougi
au verso, il peut s’agir d’un projet pour une gravure
ou plus probablement pour une broderie.
Il peut être plus particulièrement rapproché
dans l’œuvre de Jean Cousin le Père, par sa
technique, son système de hachures serrées et
la représentation du paysage, d’une Vierge à
l’Enfant entre saint Jean et saint Luc du Louvre2
et, par l’élégance des longues figures et le type
des vêtements qu’elles portent, d’une feuille
montrant deux scènes de l’Histoire de Joseph au
Herzog Anton Ulrich-Museum de Brunswick3. Sur
les trois dessins, comme d’ailleurs sur la plupart
de ceux attribués à l’artiste, les enfants qui sont
représentés la tête de de profil présentent un nez
qui prolonge directement le front. Dans la feuille de
Brunswick figurent également trois chiens qui sont
fort proches de celui dessiné sur la présente feuille,
tandis que le singe peut, quant à lui, être comparé
à celui, également enchainé, qui est représenté sur
une Mort de Cléopâtre, un tableau copiant une
composition perdue de Jean Cousin4.
Hollstein 1176.
Inv. 9966 ; D. Cordellier, “ Style et facture des dessins de Jean Cousin Père ”, Jean Cousin père et fils, une famille de peintres au XVIe siècle, Paris, 2013, p. 41 fig. 36.
3
Inv. Z WB VII 7 ; D. Cordellier, op. cit., 2013, pp. 44-45 fig. 40.
4
C. Scailliérez, “ Jean Cousin Père peintre et enlumineur ”, Jean Cousin père et fils, une famille de peintres au XVIe siècle, Paris, 2013, p. 62 fig. 64.
2